On vote Arlette pour dire «oui mais» à Jospin ou pour dire «merde» à tous. Ou par une sorte d’ironie inconsciente. Et elle le sait. Pour elle, le combat continuera à la base, comme avant… Choses vues ...

Trois jeunes lui demandent un autographe dans un bistrot où elle ne paie pas ses consommations: le patron est fier de la présence de cette dame qui pèse 10% dans les sondages. «C’est pour moi», dit-il. Et Arlette Laguiller sourit. La scène se passe à Poitiers, le lendemain d’un meeting où elle a refusé du monde. Ça pourrait être n’importe où. Poitiers, Angoulême, Bordeaux, Amiens, loger chez des camarades, ville après ville, ressentir la fatigue, à chaque fois dire la même chose: «6 millions de femmes et d’hommes de ce pays sont des pauvres, qu’ils soient chômeurs ou qu’ils travaillent.» Arlette, café-tartine, raconte ces gens «qui m’entendent parce que la précarité est partout – mais vous savez, entre voter pour moi et militer à Lutte ouvrière, il y a une marge»...

Elle se tourne vers les jouvenceaux qui l’interpellent. Ils font de la politique. «C’est bien», dit-elle. Elle a 62 ans, pourrait être leur mère, elle n’a pas eu d’enfant, parce qu’elle n’a fait que ça, de la politique, toute sa vie... Ils sont au conseil régional des jeunes de Poitou-Charentes: trois minots parrainés par le chiraquien Raffarin. «C’est passionnant», disent-ils. Arlette approuve. Ils s’en vont bientôt en Auvergne: «On est invités par le président Giscard d’Estaing.» Et ils saluent Arlette, pour qui ils voteront peut-être.

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