Le talent de Paul McCartney a toujours eu besoin d'être stimulé pour exprimer son formidable potentiel. Déjà, à l'époque de Liverpool et de Hambourg, la rivalité avec Stu Sutcliffe pour s'imposer comme partenaire de John Lennon avait révélé un compositeur et un musicien d'exception...

Ensuite, l'émulation avec ce dernier au sein des Beatles, engendrant le fameux duel Lennon-McCartney, allait le maintenir sur la crête tout au long des années 60. Depuis, ses meilleurs albums ont toujours trouvé leur source dans l'adversité ; RAM lors de la fâcherie avec John ; Band On The Run au Nigeria, avec Linda et Danny Laine, en pleine dissolution de Wings ; Tug Of War à la mort de John.

Comme dans les mythes païens, tous les gnosticismes et le Nouveau Testament, le retour de Paul McCartney aujourd'hui constitue, sinon une résurrection ou une rédemption, une authentique renaissance, issue d'une nouvelle confrontation avec la mort. Celle de Linda, son épouse de trente ans, lui avait déjà inspiré l'album Driving Rain, injustement mésestimé, occulté par son «bonus track» de dernière minute, le combatif Freedom, entraînante mélodie en forme de bras d'honneur à l'adresse des lanceurs de fatwas et autres avions détournés. Le même album contenait The Road to Jaipur, émouvant clin d'oeil à George Harrison, lui aussi atteint par le cancer, et qui devait mourir quelques semaines plus tard.

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Libération