En France, praticiens et scientifiques restent en majorité sceptiques
Peut-on être soigné par des aiguilles, des plantes ou l'imposition des mains ? Malgré l'avis de la médecine officielle, 25 millions de Français le croient. Et les découvertes récentes leur donnent en partie raison...

Notre pays, réputé pour son esprit cartésien, figure dans le peloton de tête des utilisateurs de ces médecines non orthodoxes que l'on dit douces, parallèles ou alternatives. Selon un récent rapport de l'Organisation mondiale de la santé, 49% des Français consultent phytothérapeutes, réflexologues et autres soignants exotiques. Et près de 25% d'entre nous ont déjà eu recours aux pouvoirs d'un guérisseur-magnétiseur, radiesthésiste ou rebouteux, souvent avec succès.

Le phénomène n'est pas nouveau. Au pays des rois thaumaturges dotés depuis Robert II le Pieux d'un pouvoir divin pour guérir les écrouelles, les leveurs de maux ont de tout temps soigné dans les campagnes ces petites affections qui ne méritaient pas qu'on dérangeât le docteur. L'exode rural a amené aussi ces guérisseurs dans les villes où ils connaissent un succès constant malgré des appellations parfois fantaisistes ou inquiétantes. Et, désormais, à l'ère de la science triomphante, il est même devenu possible de parler de sa magnétiseuse sans passer (sauf auprès de son médecin) pour un faible d'esprit victime d'un charlatan.

Il est vrai que les succès de ces mystérieuses thérapies auraient de quoi interpeller les plus incrédules. Pourtant, chez nous, praticiens et scientifiques dans leur grande majorité restent sceptiques, voire hostiles à ces pratiques.

Dans d'autres pays, en revanche, et notamment aux Etats-Unis, les chercheurs adoptent une attitude plus pragmatique : puisque les patients y ont recours et affirment que ça marche, étudions pourquoi avec la rigueur et les outils de la science moderne. Et les découvertes se succèdent, démontrant et expliquant les bienfaits de l'acupuncture, de telle ou telle plante et même de l'effet placebo, véritable magie du verbe. Mieux, ces recherches démontrent que ces médecines ne sont pas toujours douces. Comme les médicaments reconnus, elles ont des contre-indications, des interactions et des effets secondaires dangereux.

Certes, bien des mystères demeurent, mais ces premiers travaux permettent de préciser quelle thérapie utiliser ou éviter pour telle ou telle maladie, chez tel ou tel patient. Avec un bénéfice indéniable. Outre-Atlantique, ces disciplines sont désormais appelées CAM, Complementary and Alternative Medicine. Et bien qu'elles n'y fassent pas encore l'unanimité, elles remettent en question le sacro-saint monopole de la médecine officielle et entrent dans les plus prestigieuses universités et hôpitaux.

Peut-être est-il aussi temps pour nos praticiens cartésiens de ne plus considérer certaines de ces pratiques comme charlatanesques, mais comme complémentaires à la leur. Une telle reconnaissance, contrôlée et avalisée par la science, permettrait, entre autres, de faire enfin le tri dans un monde obscur où les escrocs sont légion et risquent de nous faire perdre, au mieux notre argent, au pire la liberté ou la vie.



Source & infos complémentaires :
https://www.caminteresse.fr