Science (+ PLUS)

Nouveaux médicaments contre le cancer

Efficaces mais trop chers pour la France ! Révolution : plusieurs médicaments anticancer offrent de nouveaux espoirs aux malades. Trop chers, ils ne sont pas distribués à tous. L'égalité des chances est rompue. Les risques d'une médecine de classe s'accentuent...


Les nouvelles armes anticancéreuses arrivent et annoncent la fin probable d'une longue crise. Depuis vingt ans, les progrès enregistrés sont rares, hormis quelques succès face, notamment, aux leucémies. Cette nouvelle génération de médicaments suscite l'enthousiasme des cancérologues, y compris en France. A croire que le vide thérapeutique à combler était immense. Malheureusement, l'intendance ne suit pas.


" L'espoir suscité par les nouvelles thérapies est immense, remarque le Dr Guy Jeanmaire, du service d'oncologie de la Roche-sur-Yon. C'est un véritable plus comparé à ce que nous avions. Mais le grand problème est d'ordre budgétaire, car ces nouveaux médicaments sont très chers. "


Herceptin® et Maptéra®, les deux nouveaux produits vedettes, sont en effet hors de prix, surtout pour les services régionaux. Nous l'avons vérifié dans de nombreuses villes de province comme Moulins, Montluçon ou Toulouse. Loin de la capitale, les cancérologues sont dubitatifs. " C'est un vrai progrès mais nous n'avons pas les moyens de financer ce genre de médicaments ", avoue le Dr Jeanmaire. On met sur le marché de nouvelles molécules sans rallonge budgétaire ! Qu'on nous donne les moyens de les acheter . La situation semble générale, quel que soit le type de centre hospitalier. Par exemple à la Roche-sur-Yon, mais c'est aussi vrai ailleurs, nous avons épuisé notre budget médicament dès le mois de juillet ! Et nous ne savons pas comment les financer jusqu'à la fin de l'année. " Conséquence brutale qui concrétise le spectre connu de la médecine inégalitaire, l'herceptine n'est proposée qu'aux seules femmes jeunes. Et si les prescripteurs passent outre, l'administration, via les pharmacies centrales ou les directions, veillent et tancent. Pourtant, il n'est pas un cancérologue qui n'ait souhaité se les procurer.


Logique comptable oblige, le plus inquiétant concerne l'avenir. De nombreuses molécules réellement révolutionnaires issues de la biologie moléculaire vont bientôt arriver sur le marché . Leur coût sera encore plus élevé. Comment réagiront alors les pouvoirs publics ? " Nous nous retrouverons en porte-à-faux vis-à-vis de l'Etat ", prédisent, une fois de plus, les cancérologues.

Du côté des grands argentiers, c'est le silence. Le précédent des trithérapies du sida est dans toutes les mémoires : inabordables, les molécules n'étaient réservées, initialement, qu'aux plus riches. Finalement, l'administration française a choisi d'assumer les dépenses supplémentaires, ne serait-ce que pour éviter toute forme de trafics parallèles. Question urgente posée par les malades en attente d'un traitement efficace : que compte-elle faire avec le cancer alors que cette maladie est redevenue une priorité nationale ? Par P. J.-B S&A n° 655



Source & infos complémentaires : Sciences & Avenir


Imprimé depuis Cafeduweb - Archives (http://archives.cafeduweb.com/lire/302-nouveaux-medicaments-contre-cancer.html)