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Michael Moore, l'arme de dérision massive

Michael Moore est né à Flint dans le Michigan. Destiné comme beaucoup des habitants de cette ville à travailler pour Général Motors, il se tourne pourtant vers le journalisme à l'âge de 22 ans. Il fonde le journal Flint Voice qu'il dirige pendant 10 ans. Il accepte une proposition pour un journal à succès mais face aux velléités pailletées de ses chefs, il décide de partir. Il est au chômage quand, en 1989, il commence à filmer son premier documentaire : Roger et Moi. Il en a réalisé depuis, deux autres : The Big One et Bowling for Columbine qui assoie définitivement sa notoriété. C'est d'ailleurs le premier documentaire récompensé à la fois par un Oscar, un César et une Palme à Cannes en 2002.

Le principe des films de Michael Moore est simple : une idée par film. En maniant l'art de la question, Moore soulève plus de réflexions qu'il n'apporte de réponse circonstanciée. Mais seule la question suffit pour éveiller une conscience et susciter un sursaut citoyen. Dans ses émissions de télé comme dans ces documentaires, Moore décrit la société américaine actuelle loin des clichés du rêve américain et des images véhiculées par les médias. Il s'oppose à la récupération de ces images qui entretiennent et alimentent une forme de désinformation quotidienne (chômage = violence). En réalisant ses films au cœur même de la société américaine, en partant à la rencontre des gens, Michael Moore met ses films à la portée de tous, ils sont stylés sans être compliqués et en même temps d'une pertinence rare.



Michael Moore avoue vouloir toucher le plus grand nombre, un large public, et utilise donc les moyens à sa disposition pour cela. Il ne fait pas de films pour conforter une opinion déjà partagée par une partie des spectateurs. Mais il souhaite que tous soient surpris par ses propres films. D’ailleurs, Michael Moore les monte en ce sens, il amène le spectateur à faire les mêmes découvertes et à suivre le même cheminement intérieur que lui. Pour ses deux premiers films, Moore met en juxtaposition des discours capitalistes et des images de la réalité sociale qui s’opposent d’évidence. Il met ainsi sous la lumière les distorsions et anomalie d’un système. Entre activisme et enquête, il propose un journalisme indépendant. Autofinancé à ses débuts, il l'est aujourd’hui par d'importantes sociétés de production. Paradoxe ou fausse indépendance ? « Je ne travaille pas pour le système mais à l’intérieur du système. Je profite d’un défaut incroyable des capitalistes. Ils sont capables de me vendre la corde que j’utiliserai pour les pendre si jamais ils pensent en tirer profit » précise t'il. Michael Moore jouerait-il Néo dans l'espoir de ronger le système de l’intérieur et de détruire la matrice? Il n'a pas cette prétention. Etre un caillou dans la chaussure des grandes sociétés de production et des grands industriels américains lui suffit. D'autant qu'un seul caillou dans un engrenage trop bien huilé peut faire dérailler le système.


Moore rend compte de la vraie Amérique, non pas celle du self made man, de l'économie invincible, mais celle de la pauvreté financière - autant qu'intellectuelle, parfois - qui côtoie l'extrême richesse matérielle. Il nous montre des gens en prise avec des réalités difficiles et des lendemains incertains, qui au bout du compte nous ressemblent. Moore pose des questions, réveille les consciences, joue son rôle de citoyen. Malgré ce que certains esprits tentent de nous faire croire, c'est un vrai patriote, sa bannière c’est l’Amérique. Il souhaite que son pays avance, qu’il cesse d’être un objet de haine dans le monde entier, qu’il soit soucieux de ses compatriotes, qu’il prenne soin de ses pauvres, qu’il réagisse fasse à la montée de la violence. Secouerait-il à ce point son pays s’il ne l’aimait pas ? Il éclaire les zones du capitalisme dont la plupart des médias ne font pas échos. Il est à contre courant et à contre pied de l’idéologie capitaliste et nous fait partager ces découvertes avec un humour salvateur. Son humour ne vient jamais renforcer une thèse idiote, ou un propos cynique. (...)



Suite & source : L'Art Scène


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