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Les Couleurs du Blanc

Sous le très joli titre "I COLORI DEL BIANCO", les Musei Vaticani à Rome proposent une exposition de diverses sculptures antiques, reproductions ou originales, afin de prouver aux visiteurs que depuis des années les archéologues les induisent en erreur en exposant statues, urnes funéraires, etc. en marbre blanc, alors qu'à l'origine le marbre était coloré. Plus de mille ans d'art antique romain, étrusque, grec et byzantin, est ainsi offert aux yeux du public, sous la forme de reproductions en marbre, plâtre, argile ou résine à côté des pièces originales.

Pour les artistes de l'antiquité, le marbre nu était laid, sans relief et sans intérêt. C'est la mode de la noblesse du 19ème siècle qui a fait que seul le blanc pur était un signe d'art sophistiqué, à l'opposé des origines.



La pièce majeure de l'expo est la reproduction de la statue de l'AUGUSTO DI PRIMA PORTA, statue où l'empereur a le bras droit tendu vers ceux à qui il s'adresse. Non seulement le visage de l'empereur était peint (cils, lèvres, cheveux) mais surtout la cuirasse était un réel chef d'oeuvre digne des plus beaux tableaux : sans la polychromie de la cuirasse, les détails de celle-ci sont totalement incompréhensibles. Il s'agit d'une personnification de soldats et barbares en rouge brique, bleu ciel, ocre et terre de Sienne.

Les artistes antiques ont donné à la cuirasse un aspect transparent, d'une réelle délicatesse, accentuée par l'utilisation de la caséine du lait afin de mettre la finesse du marbre en valeur; celui-ci était probablement un marbre de Paros, le plus délicat utilisé à l'époque.

Lors de sa découverte au 19ème siècle la statue avait déjà vivement surpris les archéologues en raison des traces évidentes de peinture; ils se sont empressés de la nettoyer afin qu'elles correspondent bien aux exigences de leur époque. Et c'est pourquoi les visiteurs des musées à travers le monde voient depuis des années des statues, des frontiscipes, d'un marbre blanc éclatant bien loin de l'original !



Pour étayer leurs théories, les organisateurs des Musei Vaticani (en collaboration avec les glyptothèques de Munich et Copenhagen) ont utilisé des analyses scientiques de pointe tels des examens minéralogiques et morphologiques, l'imagerie aux ultraviolets et infrarouges, ainsi que microscopes électroniques, matériel dont les archéologues des siècles passés ne disposaient évidemment pas. Les organisateurs ont aussi évité le piège des goûts esthétiques contemporains en matière de couleurs.



A côté de la reconstruction de la statue d'Auguste, les visiteurs pourrant admirer une trentaine de pièces, têtes ou bustes originaux, ou encore la reproduction d'une KORE AU PEPLUM, qui pourrait bien être une statue de divinité plutôt qu'une Kore. Un Lion Rugissant, aux détails surprenants de crinière et du museau, ainsi que des urnes funéraires étrusques ou un frontiscipe de toute beauté font également partie de cette exposition ouverte jusqu'à la fin du mois de janvier et dont l'entrée est gratuite.



Malheureusement, cette expérience unique en son genre ne sera pas renouvelée de sitôt.



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