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Atuatuca Tungrorum, cité des Eburons

Si vous passez par la Belgique, arrêtez-vous un instant dans le temps pour revenir à l'époque de la Guerre des Gaules, de sinistre mémoire.



ATUATUCA TUNGRORUM, la cité des Eburons

Connue actuellement sous le nom de TONGEREN/TONGRES, la cité des Eburons fut le siège d’une défaite cuisante de la légion de Jules (César pour les intimes), commandée par ses lieutenants Sabinus et Lucius Cotta.

César qui était un mauvais perdant, rasa littéralement la cité, extermina les Eburons, tuant quelques 60.000 Nerviens au passage et soumit les Aduatiques qui furent vendus comme esclaves.



Les premières fouilles archéologiques attestent que l’occupation de César daterait d’aux environs des années 30 avt J.C. ( = Jesus Christ, pas Jules César !), il est donc peu probable que le vestiges soient ceux de la première cité, celle d’Ambiorix rasée lors de la défaite du « roi riche » (signification du mot « Ambiorix »).



Atuatuca fut probablement une base militaire avant de se développer en cité gallo-romaine, avec rues pavées et villas. Le terme « municipium » fut donné à Tungrorum aux environs du deuxième siècle, lorsque plusieurs villes romaines au nord des Alpes commencèrent à se donner le nom de « municipia » ; ainsi elle quittait comme bien d’autres le terme de simple « civitas », un mot signifiant à la fois « ville » et « tribu » .



Les murs entourant Tungrorum étaient impressionnants : 6 mètres de haut, 2 mètres de large et d’une longueur de 4 kilomètes ; ils furent construits sous les empereurs Trajan et Hadrien et sont toujours visibles ; un léger mystère subsiste toutefois quant au pourquoi de la construction de ces murs car le deuxième siècle après J.C. (= Jesus Christ, pas Jules César) connaissait une période de paix relative. Ils n’avaient donc pas de réelle fonction militaire.



TUNGRORUM possédait également une source médicinale, plusieurs templs et un forum qui se situait plus ou moins à l’emplacement actuel de la jolie place du centre, celle où l’on trouve la statue d’Ambiorix, tel que l’on imaginé les artistes romantiques du 19ème siècle et où tout, sauf les moustaches, est faux : à son époque les guerriers n’utilisaient pas de hache, ne portaient ni braies, ni casque ailé …



On a retrouvé à Tongeren/Tongres la statue d’un dieu jupitérien, à cheval, terrassant des géants alanguipèdes et qui se trouvait certainement au sommet d’une colonne, de même qu’un dodécaèdre, dont le mystère est toujours entier quant à sa représentation et son utilisation actuelles.

Au quatrième siècle, la « basilica » qui se trouvait à côté du forum, fut transformée en église chrétienne par l’évêque Servatius ; elle fut l’une des premières église chrétiennes de la Germanie inférieure.



Le musée gallo-romain de Tongres/Tongeren est l’un des plus beaux et des plus intéressants musées de Belgique.



Qui donc était Ambiorix, ce chef des Eburons, dont le nom signifie « roi riche » ?



Un important chef gaulois dont la révolte contre l’occupant romain conduisit sa tribu à l’extermination. En 57 avt J.C., César poursuit son invasion des pays autour des fleuves Escaut et Meuse ; après avoir détruit les Nerviens, il continue vers l’est soumettant les Atuatuci en esclavage.



Cette épreuve de force, typique de Jules, marque l’occupation romaine dans la vallée de la Meuse, occupation qui dura plus de quatre siècles. Au départ, les Romains se contentèrent de dissoudre les alliances politiques en place en obligeant les tribus importantes à libérer les tribus qui dépendaient des premières. Les Romains, comme c’était la coutume à l’époque, prirent quelques otages.



Parmi les tribus « libérées » durant l’automne 57 se trouvaient les Eburons, une tribu vivant entre la Meuse et le Rhin et qui au départ s’en trouvèrent bien de cette soi-disant libération, un sentiment qui changea rapidement lors du rude hiver de 55/54 lorsque les Romains construisirent leurs campements dans le nord de la France et de la future Belgique. Le poids de leur occupation se fit de plus en plus sentir, les Romains se firent un plaisir d’ignorer le mécontentement des autochtones.



Ils passèrent l’été en Grande-Bretagne où César défit Casivellaunus, chef des tribus britanniques. Pendant ce temps, entre autre à cause de la famine provoquée par de très mauvaises récoltes et du lourd tribut à payer aux envahisseurs, les tribus belges préparèrent leur rebellion. Leur plan d’attaque était excellent : lorsque pendant l’hiver, lorsque Caius Julius (César pour les intimes) partit visiter sa province de Gaule Cisalpine.



La première cible des tribus était la jeune quatorzième légion, comportant cinq cohortes de jeunes légionnaires, campant sur le territoire éburon. C’est le chef des Trévires, la tribu vivant dans la vallée de la Moselle, qui menant la révolte, emmenant les Eburons qui s’étaient soumis à eux ; il est assez évident que les Eburons furent mis en première ligne, les Trévires n’ayant l’intention de se démasquer que si leurs alliés réussissaient leur attaque, sinon ils demeureraient cachés (sympas les copains !; c’est d’ailleurs là l’une des principales causes de la défaite des Celtes : leur manque de cohésion face à l’envahisseur).



Pour Ambiorix, après avoir provoqué et réussi moultes embuscades dans des endroits stratégiques, il décida de frapper plus fort et fit semblant d’aller parlementer avec les jeunes lieutenants Sabinus et Cotta ; il leur fit croire qu’il n’avait pas voulu ces batailles, qu’on l’avait forcé à participer et que sa tribu refusait de le suivre désormais. Etant au courant de ce qu’un grand coup serait frappé contre les cohortes déjà fort affaiblies par les multiples attaques, Ambiorix conseilla aux Romains de quitter Eburonia où ils courraient de grands dangers. Les Romains le crurent et levèrent le camp en toute hâte juste après le crépuscule ; Cotta et sa troupe périrent quasi instantanément dans l’embuscade ; Sabinus ayant échappé à celle-ci, il fut envoyé vers Ambiorix, qui n’ayant pas participé à la première embuscade, semblait encore digne de confiance ; il fut immédiatement saisi, dépouillé de ses armes et passé par le javelot.



A la suite des victoires d’Ambiorix, plusieurs tribus gauloises se révoltèrent, parmi lesquelles les Nerviens malgré la présence de Quintus Cicero, lieutenant de Jules et frère du grand orateur. Ambiorix s’allia aux Nerviens pour combattre Cicero ; grâce aux quelques années passées dans les armées romaines et aux renseignements obtenus des prisonniers romains, Ambiorix put aisément faire le siège des Romains qui commençaient à faiblir tant en force qu’en nombre. C’est toutefois un Nervien, ami des Romains assiégés qui fournit à Cicero un esclave afin d’aller prévenir César qui se prélassait toujours en Italie.



Lorsqu’il apprit ce qui se passait dans les territoires des Belgae, il entra dans l’une de ses habituelles crises de rage en songeant à ce coup porté au prestige de Rome. Il quitta donc immédiatement la Gaule Cisalpine après avoir exigé et obtenu des renforts pour étouffer et faire définitivement taire ces excités de Gaulois. Pas moins de 10 légions furent envoyées dans les Pays-Bas romains. Leur succès ne fut dû qu’au nombre et à la supériorité stratégique des Romains, également à leurs armes plus performantes que celles des petits Belges.



César voulait Ambiorix, mort ou vif ; celui-ci toutefois parvint à lui échapper grâce aux amis des Eburons ; César attaqua donc les alliés du chef et les obligea à promettre qu’ils n’aideraient plus l’homme qui s’était permis de détruire les armées romaines. Les Nerviens furent les premiers à subir la vindicte des Romains qui rasèrent les villages, pillant les récoltes et le bétail, capturant de nombreux prisonniers, les femmes et les filles des guerriers nerviens étant offertes aux légionnaires. Ensuite suivirent les Ménapiens, eux aussi attaqués afin de les empêcher d’aider le Chef des Eburons ; les Trévires ayant déjà été punis une première fois, César n’en resta pas là et construisit un pont afin d’aller attaquer la tribu de Germanie ; les malheureux Trévires se le tinrent pour dit et restèrent coi.

A présent seulement, après toutes ces tribus soumises, César osa enfin s’en prendre aux Eburons et ordonna au commandant de cavalerie de capturer le roi par surprise, mais Ambiorix parvint à leur échapper une fois encore malgré la perte totale de son équipement militaire.



Toutes les maisons gauloises étaient construites près de forêts et de rivières afin d’éviter les fortes chaleurs estivales. Les Gaulois parvinrent à tenir contre l’attaque de la cavalerie grâce à ce lieu plutôt confiné et l’un de ses hommes donna un cheval à Ambiorix, lui pemettant de s’échapper. L’autre chef des Eburons, plus âgé et affaibli par les luttes et les privations, eut moins de chance et se donna la mort après avoir maudit son allié. César ne comprit jamais comment Ambiorix avait pu s’échapper ; dans son récit « La Guerre des Gaules » il donne une explication vaguement religieuse à cette fuite pendant que ses légions ravagèrent les tribus de la nation éburone.



La campagne des Gaules et la destruction des Eburons par Jules César peut s’assimiler à un génocide ; pour lui le nom des Eburons ne devait plus jamais être prononcé : ils avaient osé détruire des légions romaines et Jules les effaça de la surface de la terre.



Leur chef, à qui hélas ils durent la ruine et ce destin affreux, ne fut jamais retrouvé ; on pense qu’il parvint à rejoindre l’autre rive du Rhin et qu’il finit par mourir de faim et de froid dans les forêts.



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