La vie économique et sociale a besoin de repères communs. Les indicateurs et autres statistiques sont donc des éléments essentiels du débat démocratique...

Chaque matin, les informations égrainent leur moisson de chiffres : 23 000 chômeurs de moins en décembre, 1,5 % d’inflation annuelle, 6 points de recul pour le Premier ministre dans le dernier baromètre Ipsos, – 27,25 pour le CAC 40 à la clôture de la Bourse de Paris… Dans la litanie des nouvelles, tous les chiffres se valent et rien ne vaut un chiffre. Bien souvent, l’énoncé d’une statistique constitue le seul élément d’information, l’alpha et l’oméga de l’argumentation. Et plus elle est précise, plus elle est parée d’une apparence d’exactitude qui la rend incontestable. Mais parfois la petite musique des nombres devient dissonante : le chômage baisse, mais l’emploi stagne ; l’inflation mesurée par l’Insee est sage, mais les sondages auprès des consommateurs la montrent qui s’emballe ; du jour au lendemain, le PIB de la Chine bondit de 16 % à la faveur d’un changement des méthodes de mesure… L’idolâtrie fait alors place au soupçon : les chiffres nous mentiraient-ils ?

Dès que l’on gratte un peu, toutes ces statistiques apparaissent bien fragiles. Qu’on change de définition et les demandeurs d’emploi deviennent des chômeurs et leur nombre augmente de 300 000 ; qu’on élargisse les critères et on en compte 150 000 de plus. Mais alors quel est le vrai chiffre ? Il faut bien admettre qu’il n’existe pas. Ce qu’on appelle bien improprement des « données » ne sont pas le reflet du réel, mais des constructions sociales. Derrière le moindre chiffre, il y a un choix et un jugement sur ce qui compte.



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