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les Européens n'ont pas envie de se regarder en face

Ecrivain et conteur congolais exilé en Belgique, Pie Tshibanda, 55 ans s'est baptisé le ‘fou noir au pays des blancs’. Lucide et optimiste, il veut surtout donner la parole à ceux qui ne l’ont pas.
« Samedi, dix heures, chez moi ». Telle est la réponse de Pie Tshibanda quand je lui demande de me proposer un café bruxellois. Un peu désemparée, me voici en route pour le petit village de Tangissart, à une trentaine de kilomètres de Bruxelles. Dans ses spectacles, cet humoriste touche-à-tout parle beaucoup de ses six enfants : ce matin-là, l'un m'ouvre la porte, l'autre me dédie un sourire, un troisième vient manger dans la cuisine où se déroule l'interview.

Quand mon interlocuteur évoque les débuts de sa prose, je retrouve, transposé dans une salle à manger où le crépitement du riz se mêle au parfum aigre-doux des épices, le conteur des salles de spectacle. Ce matin, Tshibanda n’arbore pas la chemise africaine aux mille couleurs qu’on lui connaît. Mais le sourire, le regard malicieux, la gestuelle sont restés les mêmes. Le sujet de ses premiers livres ? « Ca va te faire marrer », me lance t-il avec un clin d’oeil : « mes déceptions amoureuses ».

Mais Tshibanda se consacre aussi aux thèmes plus graves qui affectent la société congolaise de l’époque, comme la prostitution ou le délit de sorcellerie. « Je venge tous ceux qui ont souffert,» explique t-il. « Je remplis ma mission d'écrivain : celui qui parle au nom de ceux qui ne peuvent pas parler, l'avocat des sans-voix ».

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