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Il faut sauver le cochon

Peint à la bombe sur le rideau de fer de la charcuterie Pons, ce cochon dodu est l'objet d'une controverse croustillante. « Ce dessin que j'ai fait réaliser, explique la commerçante, est considéré par la Ville comme un tag à enlever. »

« C'est du lard ou du cochon ! » s'exclame Patricia Hoareau-Pons. Gérante de la charcuterie-boucherie Pons, implantée depuis 2006 rue de Lépante, elle doit se pincer pour ne pas rêver. Pour se convaincre que la venue dernièrement d'employés municipaux traquant tags et graffitis aussi bien sur les façades publiques et privées que sur les devantures des commerces n'a rien d'une plaisanterie. Car l'objet de la controverse est croustillant ! Il tourne autour d'un cochon tout rose, tout dodu peint à la bombe sur le rideau métallique de ce commerce de bouche spécialisé dans les merguez et autres chipolatas. « Pour ces employés municipaux, c'est un tag ! J'ai tenté de leur expliquer, raconte cette commerçante. Leur faire comprendre que ce dessin que j'ai commandé et payé 500 euros hors taxe en 2006 à un graphiste professionnel est le logo de mon magasin. » Un logo qui se décline partout. Sur les tentures de ce commerce, le papier d'emballage, sacs plastiques... Pour s'afficher en version géante sur le rideau métallique, histoire d'accrocher le regard des consommateurs. Des explications qui visiblement n'ont pas convaincu ces chasseurs de tags. « Ils m'ont laissé des tas de papiers, avec la réglementation en vigueur. Pour eux, mon cochon doit être dégraissé, décroûté pour disparaître de mon rideau métallique. Un nettoyage entrepris au frais de la municipalité et donc des contribuables. Si je m'y oppose, je devrai payer une amende 467 euros. Un comble ! »

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Souci esthétique

Illégal ce cochon bombé ? « Lorsque j'ai fait réaliser ce dessin, je n'ai pas demandé d'autorisation à la Ville. Parce que j'ignorais qu'il fallait entreprendre une telle démarche, explique Patricia Hoareau-Pons.

« Mon souci était purement esthétique. Occuper l'espace de mon rideau métallique avant que les tagueurs ne le dégradent en y apposant leurs signatures. Je ne suis pas la seule dans ce cas. Dans la rue de Lépante ou la vieille ville, d'autres commerçants ont transformé leur rideau de fer en une oeuvre graphique pour éviter d'être envahi par les tags. Eux, n'ont pas eu à se justifier. Pourquoi moi et mon cochon de logo ? »

Dans le quartier, cette affaire a suscité rires, sarcasmes et réactions. Et certains commerçants de brandir la bannière de la résistance en prônant la constitution d'un comité de soutien pour sauver ce drôle de cochon coloré qui fait tant jaser...

Véronique Mars pour www.nicematin.com


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