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A propos d’Amen ou parce qu’il n’aurait pas du en être ainsi.

La véritable provocation du film de Costa Gavras ne réside pas dans l’entremêlement d’une croix gammée et d’une « sainte » croix, ni dans les révélations du rôle politique joué par le Vatican dans l’extermination des juifs, mais dans le constat déstabilisant que seuls les mots auraient pu empêcher ça et que le pouvoir des mots lui seul n’a pas été utilisé...


L’Eglise, en se taisant a dit Amen à l’extermination.





Amen


Agir alors ne signifiait pas bombarder, faire sauter des trains, tuer d’autres hommes, agir signifiait parler. Personne n’a parlé. Le langage salvateur qui dénonce, qui accuse n’a jamais retenti. Le mutisme, les chuchotements et la diplomatie prudente ont peut-être été aussi destructeurs que le cynisme des tortionnaires.


Même les nazis ont été choqués et surpris que personne ne veuille sauver ces hommes, que personne ne réagisse, que tout cela soit si facile, que la technique seule et jamais la morale suffisent à résoudre tous les problèmes. L’ambassadeur d’Allemagne au Vatican n’a pour réponse aux discours et aux menaces cachées des cardinaux qu’un simple mot, comme une prière : « Protestez ! ».


A chaque seconde d’hésitation ou de silence, des trains passent, emportant vers la mort des familles entières. Face à cela que vaut la crainte du développement du communisme invoqué par l’Eglise, sa décision de dire oui à Hitler pour dire non à Staline, ou encore la peur américaine d’une crise sociale aux Etats-Unis s’ils avaient massivement accueilli des réfugiés juifs sur leur territoire ?


Des êtres humains confrontés à l’horreur et à la responsabilité morale de lutter se sont réfugiés dans la négation, les larmes ou la prière. Ils avaient des intérêts à défendre, des priorités, des choix stratégiques à prendre en compte mais ils étaient humains et souffraient. Le pape n’était pas un calculateur insensible mais il un homme confronté à l’absurdité de l’existence, à l’impossibilité de discerner le bien du mal, à la conscience aigue de l’impuissance et de la solitude.


Il reste à la fin le sentiment prégnant du doute et de la culpabilité universelle. Là où des films comme la liste de Schindler nous renvoie à l’amour de l’humanité, celui-ci nous renvoie au constat de l’absurde : A un homme qui dit que son ami est dans un camp par erreur, un officier SS lui répond : « Nous le sommes tous ».


Par ... une admiratrice :) pour CaféDuWeb

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