L'ancien chef de l'Ouganda est mort à Djeddah, à 78 ans.
Les amateurs de poésie apprécieront de savoir qu'Idi Amin Dada se proclamait «seigneur de toutes les bêtes de la Terre et de tous les poissons de la mer, vainqueur de l'impérialisme britannique» et aussi «dernier roi d'Ecosse»...
Ceux qui ne jurent que par les chiffres retiendront qu'Amin Dada a été neuf fois champion de boxe poids lourd d'Ouganda, qu'il mesurait 1,98 m pour 126 kg, a eu 43 enfants, ou 48, mais peu importe (on l'a surnommé «Big Daddy»), et qu'en huit ans de règne il a causé la mort de 100 000 à 300 000 Ougandais. Pour les amateurs de littérature, un seul livre, l'excellent Dernier Roi d'Ecosse de Giles Foden. Idi Amin Dada est mort avant-hier, à 78 ans, dans une clinique de Djeddah, en Arabie Saoudite, où il coulait un exil paisible. Il a été le dictateur le plus sanguinaire, le plus baroque et caricatural de l'Afrique postindépendance. Mobutu était mégalomane, Mengistu un meurtrier de masse, Bokassa un histrion mais nul, comme Amin Dada, n'a aussi bien incarné le fantasme du «roi nègre» et de ses turpitudes...