©

TV : L’odyssée du lisse

C’était le temps d’avant. Quand on appuyait sur le bouton du poste, ça faisait « Grr grr zzz ». L’image donnait à voir des mines revêches, des joues parfois mal rasées et des bedaines assumées. Le PAF avait du relief, du plissement, de l’excroissance. Des caboches cabossées. C’était le temps où, à défaut d’être insolente, la télé n’avait pas peur d’avoir de la gueule. C’était le temps des tronches.

Petit à petit, la Schonberg repulpée a supplanté le Mourousi broussailleux et le Zitrone ventru a été expulsé par du svelte Delarue. Le rugueux a fait place au plastique, le quinqua buriné au gendre idéal. Aujourd’hui, quand l’image apparaît, ça glisse : on ripe sur de l’animateur cloné. Même après des années d’efforts soutenus, on n’arrive toujours pas à distinguer Laurent Delahousse (ex-Secrets d’actualité sur M6 et nouvelle doublure de David Pujadas sur France 2) de Guy Lagache (présentateur de Capital sur M6). Ni à différencier le brushing de Flavie Flament de celui de Laurence Ferrari, de celui de la présentatrice météo de LCI, de celui d’une chroniqueuse de Canal.



Auxiliaire zélée d’un monde formaté, la télé pratique l’esthétique du lisse. Longtemps cantonnée aux divertissements, celle-ci a contaminé l’information ces dernières années, LCI et i>télé portant le fer chacune à leur manière (résolument wasp sur LCI, plutôt multicolore sur i>télé). Plan-plan, la platitude envahissait les écrans. Au début de l’été, la machine s’est emballée avec une valse endiablée d’animateurs : Anne-Sophie Lapix, Benjamin Castaldi, Harry Roselmack débarquaient sur TF1, Marc-Olivier Fogiel, Nathalie Renoux, Alessandra Sublet sur M6, Laurent Delahousse sur France 2… On n’avait pas assisté à un tel jeu de chaises musicales depuis des années. Pourtant, à la rentrée, la face du PAF n’en sera pas beaucoup changée. Car si les directeurs d’antenne sont prêts à débourser autant (environ 1,3 million d’euros par an pour Castaldi), ce n’est pas pour acquérir de la singularité, de la trogne identitaire à la PPDA ou à la Drucker, dépositaires de l’image de leur chaîne pour les cinq décennies à venir.



Suite de l'article : https://television.telerama.fr/

Références
Lien à insérer

Si vous citez cet article sur un site, un blog, un forum ou autre contenu web, utilisez l'adresse ci-dessous. Après validation par un administrateur, votre site apparaîtra ci-dessous comme référence.

Ils commentent à distance !

Pour l'heure, personne ne commente sur un autre site web.

Discussions
Pas d'avis pour “TV : L’odyssée du lisse”
Participer à la discussion

Impossible de commenter cet article