Alors qu’il bat tous les records d’entrées aux Etats-Unis, le film « Frank Miller’s 300 » (ou « Pour la gloire » en français) arrive sur les écrans belges et français chargé de l’habituelle polémique quant à la réalité historique, phénomène de polémique déjà rencontrée avec «Alexander » ou « King Arthur ».
Pour « Alexander », les Grecs avaient émis des objections quant à l’homosexualité à peine déguisée du personnage, ce qui était pourtant avéré, l’homosexualité étant un passage initiatique pour tous les jeunes gens de toutes les civilisations antiques, Celte, Etrusques et Grecs y compris.
En fait ce sont les Romains qui s’insurgèrent contre cette pratique qui ne correspondait pas à l’image du vrai mâle qu’aimaient les maîtres de Rome. Et pourtant …
[Actualité rédigée par Niki]
Mais revenons à nos « 300 ». Le film – dont le titre complet aux USA est « Frank Miller’s 300 » - est effectivement basé sur la bande dessinée hyper réaliste de Frank Miller, celui-là même à qui l’on doit « Sin City » qui déchaîna aussi une polémique sur sa violence.
Le roman dessiné de Miller raconte à sa manière la célèbre bataille des Thermopyles, en 480 avant J.D., où le général Leonidas tint tête à l’armée de Xerxès avec ses 300 Spartiates, face aux quelques 10.000 Perses.
Les Spartiates moururent comme ils le souhaitaient : les armes à la main, en pleine bataille, ce qui était courant dans toutes civilisations antiques également. Pour les peuples du Nord, la seule façon d’accéder au walhalla et au banquet d’Odin était de mourir au champ de guerre. Pendant que les Spartiates tenaient tête aux Perses, les armées grecques se groupèrent et finirent par bouter Xerxès et ses sbires hors du pays.
Après le sacrifice de l’armée de Leonidas, les Grecs – dont le pays alors était composé de petites royautés - réalisèrent qu’il était temps de s’allier afin d’être plus forts contre les envahisseurs.
Le fallacieux prétexte de vérité historique, de précision philologique est à nouveau érigé ici, alors qu’il s’agit tout simplement de la vision d’un artiste, pas d’un documentaliste historique. Quand comprendra-t-on qu’un peplum n’est rien d’autre qu’une manière ludique de filmer un fait historique ou pseudo-historique. « Troy » n’avait pas fait l’objet de tant de charivari, sauf pour la fin hollywoodienne peut-être et encore !
Il ne s’agit pas d’un documentaire sur la bataille des Thermopyles (c’est-à-dire Les Portes de l’Enfer, pour les Grecs) mais l’adaptation pour le cinéma comme « Gladiator » par exemple. Dans le film, Leonidas demande aux sacerdoces de lui lire les oracles, mais les prêtres ayant été corrompus par l’or de Xerxes, lui conseillent d’éviter la bataille. Le général de Sparte n’en fait qu’à sa tête et contre le conseil d’état, mais avec le soutien de son épouse courageuse, il réunit ses 300 guerriers et décide d’attirer l’armée perse dans les gorges des Thermopyles, très étroites où l’armée ennemie pourtant en surnombre perdra l’avantage du terrain.
A ce stade, le spectateur assiste à une bataille « plus vraie que nature », filmée comme presque tout le film, dans un mélange de scènes en 3-D et des séquences « normales ». Il s’agit ici encore d’une performance technique, accentuée par la saturation chromatique, le réalisateur ayant intensifié le noir des images ; le tout est d’une grande fidélité au monde de Miller. Comme l’explique le réalisateur Zack Snyder : « je ne voulais pas tourner quelque chose qui ressemble à de la photographie mais au contraire faire entrer le public dans le monde du dessinateur. Mon film n’est pas un drame historique mais un film dessiné ; j’ai voulu réaliser une expérience unique. (fin de citation) ».
De toute façon, le roman graphique de Frank Miller est une adaptation romanesque d’un fait historique, il s’agit d’une vision d’artiste, rien d’autre et pas d’arrière-pensées comme on veut lui attribuer. Zack Snyder, le metteur en scène des 300, a transposé le roman graphique de Frank Miller (d’ailleurs co-producteur du film), en donnant une vision fantasmagorique aux batailles, aux moments épiques.
Oui le sang gicle, les têtes et autres membres volent à tous vents, mais je ne crois pas que ce type de bataille antique ait nécessairement fait dans la dentelle non plus. Les guerres et les génocides sont l’expression la plus bestiale de la nature humaine et ceux qui se taisent pour le Darfour feraient bien de ne pas non plus donner leur opinion sur les « 300 ».
L’adaptation filmée des « 300 » respecte le graphisme de la bédé de Miller, auquel s’ajoute un hyperréalisme, accompagné d’une musique heavy metal qui devrait conquérir le public adolescent.
Le film fait partie de cette cinématographie dédiée aux super-héros tels que le cinéma nous les a souvent présentés. C’est d’ailleurs là que réside l’autre polémique entourant le film– mise à part celle de la réalité historique – celle érigée par l’Iran qui considère le film « 300 » comme un véritable camouflet RACISTE. Les Perses (ancêtres des Iraniens) n’y sont évidemment pas montrés sous leur jour le plus sympathique puisqu’ils sont les envahisseurs ; de plus ils considèrent que dans le film les peuples du Moyen-orient et du Golfe Persique sont montrés comme des êtres immoraux, créatures lascives, sans foi ni loi et qu’ils ne sont courageux que parce qu’ils ont l’avantage de machines guerrières, mais aucun talent tactique.
D’aucuns ont également insisté sur le fait qu’il s’agit ici de montrer une fois encore la suprématie de l’Occident civilisé sur l’Orient barbare. Rappelons que de ce côté-là, ce n’est pas un film qui va décider une nation qui se prétend la plus forte au monde d’engager ou non une guerre contre un pays qu’elle considère comme son ennemi.
L’intérêt des polémiques autour d’ un film ou d’un livre est qu’il donne envie de courir le voir – finalement on se demande si lesdites polémiques ne sont pas lancées par un service de marketing particulièrement bien au point.
Bref au spectateur d’en juger.
Une partie des informations qui précèdent sont adaptées de l’article de la Rapubblica Italia, Spettacoli & Cultura.