Actualité rédigée par l'ADIT - Jean-François Desessard
C'est ce qu'une équipe [1] de recherche du CNRS et du Collège de France, dirigée par Jean Pol Tassin, directeur de recherche à l'INSERM, vient de prouver. Alors que la nicotine est généralement considérée comme le principal composant responsable des propriétés addictives du tabac, ces chercheurs ont montré en effet que d'autres composés du tabac comme les inhibiteurs de monoamine oxydases (IMAO) s'avèrent indispensables pour en révéler le pouvoir addictif.
Ces travaux, dont les résultats viennent d'être publiés dans le Journal of Neurosciences, montre en fait qu'un récepteur spécifique (5-HT1A) protège l'animal des effets de la nicotine et que les IMAO permettent de lever cette protection.
Cette découverte est d'autant plus importante qu'elle pourrait expliquer pourquoi les substituts à la nicotine, utilisés dans le sevrage tabagique, sont inefficaces à long terme. On estime en effet que 80% des utilisateurs de patchs à la nicotine finissent par recommencer à fumer. Ainsi chez les candidats à l'arrêt du tabac, les chewing-gums, tout comme les patchs, sont efficaces au début du traitement, tant que les effets des IMAO persistent. Par contre, après quelques semaines de sevrage, le récepteur 5-HT1A redevient fonctionnel. La nicotine seule ne suffit plus alors à combler le manque chez le patient.
Selon Jean Pol Tassin, "ces travaux pourraient contribuer à améliorer les approches de traitement de la dépendance à la nicotine. Une nouvelle composition alliant la nicotine et des produits bloquant la protection naturelle due aux récepteurs 5-HT1A serait efficace comme substitut au tabac. Ceci pourrait être utilisé dans une nouvelle stratégie dans la thérapie du sevrage".
[1]
- CNRS/UMR 7148, Collège de France
- UPMC Université Pierre et Marie Curie
- INSERM, UMR S893/Equipe 9, Faculté de Médecine Mierre et Marie Curie, Site Saint-Antoine