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Où est passé le «propre de l’homme» ?

Toutes les recherches récentes le démontrent: les animaux ont des cultures spécifiques, sont capables de communiquer, et l’homme n’est finalement que le plus bavard des primates.
L’éthologie, il faut le savoir, n’est pas une discipline de tout repos. Pierre Jouventin ne dira pas le contraire, lui qui a failli se faire croquer le nez par un chimpanzé...





Chimpanzé

On a beau être un spécialiste chevronné du comportement animal, directeur de recherche au CNRS, expert en manchots de l’Antarctique et en mandrills d’Afrique tropicale, lorsqu’on se retrouve l’appendice nasal coincé entre deux rangées de dents tranchantes comme des lames de rasoir, on réalise soudain que la science a ses limites.


Ce jour-là, Pierre Jouventin «sauva la face» in extremis, le chimpanzé ayant finalement préféré s’abstenir. D’autant plus ulcéré que son agresseur était un jeune mâle avec qui il entretenait d’affectueuses relations, Jouventin décida de lui donner une leçon. Des farceurs ayant déposé un serpent mort dans sa voiture, notre chercheur emporta secrètement le cadavre à la pointe de l’île où résidait la troupe de singes. Quand le fautif vint à sa rencontre, Jouventin lui balança le serpent à la figure, provoquant la terreur et les hurlements de toute la bande. L’éthologue pensait avoir eu le dernier mot.


Or, le lendemain, son collègue vétérinaire lui reprocha d’avoir taquiné les chimpanzés. Comment était-il au courant de cette vengeance exécutée en toute discrétion? A sa grande surprise, Jouventin découvrit qu’il avait été «cafardé» par sa victime! Lorsque le vétérinaire s’était rendu sur l’île, les chimpanzés l’avaient accueilli en manifestant leur désarroi. Le jeune mâle lui avait pris la main et l’avait conduit, suivi de la troupe entière, près du serpent mort. Le vétérinaire avait bien sûr reconnu le cadavre, ayant participé à la blague de la veille. Sans paroles mais tout à fait clairement, le chimpanzé avait réussi à narrer sa mésaventure.





Chimpanzé


L’homme ne serait donc pas le seul animal capable de raconter des histoires. Pierre Jouventin relate l’anecdote dans «les Confessions d’un primate», un livre pétillant d’humour où il dévoile «les coulisses d’une recherche sur le comportement animal» (1). Jouventin souligne le grand virage de l’éthologie: «Pendant des décennies, on a cherché à définir “le propre de l’homme”, à mettre en évidence une frontière qui nous sépare radicalement des autres espèces, explique-t-il. Force est de constater que l’on n’y est pas parvenu.


Les animaux communiquent, manipulent des symboles, ont des souvenirs, font preuve de ruse, de stratégie. Ils ne cessent d’empiéter sur ce qui était censé être le “domaine réservé” de l’humanité. Sans nier l’originalité de l’homme, on ne peut espérer le comprendre si l’on continue à le couper de ses racines animales. Il y a tout de même moins de différence entre un homme et un chimpanzé qu’entre ce dernier et une huître!» En somme, observe Jouventin, on retrouve toute la pertinence du jugement de Darwin, qui écrivait déjà en 1871: «La différence d’intelligence entre hommes et animaux les plus évolués, aussi grande soit-elle, est une différence de degré et non de nature.» Pierre Jouventin n’est pas le seul à mettre l’accent sur la remarquable continuité entre le monde animal et le nôtre. Des recherches de plus en plus nombreuses apportent de l’eau à ce moulin...
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Nouvelobs

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