Aux cassandres de la démographie qui annoncent une planète bientôt surpeuplée, la revue Nature oppose dans son numéro du 2 août les résultats d'une étude légèrement rassurante dont les conclusions prophétisent un plafonnement de la population mondiale suivi d'une légère diminution. A en croire Wolfgang Lutz (International Institute for Applied Systems Analysis, Laxenburg, Autriche), Warren Sanderson (State University, New York) et Sergei Scherbov (université de Groningen, Pays-Bas), la population mondiale pourrait culminer à 9 milliards d'individus en 2070 - dont plus de la moitié en Asie - avant de diminuer pour atteindre, avec une probabilité de 80 %, 8,4 milliards de personnes en 2100.
Ce n'est là qu'une estimation moyenne, les trois chercheurs faisant état d'une hypothèse haute à 12,1 milliards d'individus et basse à 5,6 milliards seulement. Ces chiffres ne sont pas très différents de ceux présentés par les démographes de l'ONU, légèrement plus élevés, ou de ceux, analogues, de l'Institut national d'études démographiques (INED). Jean-Claude Chesnais, directeur de recherche de cet institut, faisait remarquer en 1998 qu'on pouvait, "malgré une très grosse incertitude sur les données chinoises et sur les évolutions au sein du continent africain", dire que les simulations faites sur les chiffres de la population mondiale tendait "vers des hypothèses basses : soit entre 7,3 et 8,9 milliards d'hommes à l'horizon 2050".
Pour s'y retrouver dans cette avalanche de statistiques et mieux saisir la nature des hypothèses haute, moyenne et basse liées aux taux de natalité et de mortalité pris en compte par les chercheurs, il faut se souvenir que la population mondiale, après avoir augmenté très lentement pendant la plus grande partie de son histoire, a vu ses effectifs plus que doubler au cours du dernier demi-siècle, jusqu'à 6,1 milliards d'habitants aujourd'hui. Et elle devrait encore progresser pour atteindre, selon l'ONU, les 9,3 milliards en 2050 (hypothèse moyenne).
Suite de l'article du Monde