D’où vient le rire? De loin…
À 100 km/h, les poumons expulsent l’air qu’ils contiennent. La puissance du souffle titille les cordes vocales au passage. De courtes syllabes prennent forme, chacune d’une durée de 1/16e de seconde. Le diaphragme se contracte, le coeur accélère la cadence, la tension artérielle augmente. Quinze muscles faciaux se mettent en branle, mais tout repose sur le grand zygomatique. Il relève les coins de la bouche, comme des rideaux qui s’ouvrent sur le spectacle à venir. L’épiglotte ferme le larynx à moitié, mais ce n’est pas suffisant pour empêcher la vedette d’entrer en scène, triomphante: le rire.
Nous venons au monde programmés pour rire. C’est le comportement le plus universel qui soit. Même les bébés sourds et aveugles, vers l’âge de trois mois, rendront leurs parents complètement gagas avec cette joyeuse cascade de sons surgis inopinément. Il s’agit d’une de nos facultés les plus innées. Et pourtant, le rire est un grand incompris de la science, une pirouette du corps et de l’esprit que même les plus éminents neurologues, psychologues et biologistes parviennent difficilement à cerner. Et ce n’est pas faute d’essayer…
Pour comprendre le rat, les scientifiques observent des rats de laboratoire. Pour comprendre le rire, il faudrait observer… des rires de laboratoire. Voilà ce que s’est un jour dit le neurobiologiste Robert Provine, professeur à l’université du Maryland, à Baltimore aux États-Unis, et auteur du best-seller Le rire, sa vie, son oeuvre. Il a donc convié quelques cobayes dans son labo et leur a fait visionner des spectacles humoristiques pour faire éclore les précieux éclats de rire qu’il souhaitait étudier. L’échec fut retentissant. Tout au plus a-t-il obtenu quelques timides sourires. «Cette défaite masquait une réussite, confie-t-il. En ne riant pas, mes sujets ont mis en évidence une vérité fondamentale qui allait guider la suite de mes recherches: le rire est d’abord et avant tout un comportement social.»
Les semeurs de rire en savent quelque chose…
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