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Barbizon à Boston

Dans la seconde moitié du 19ème siècle, l’impressionnisme était très prisé dans les milieux sophistiqués de la bonne société bostonienne, parmi une gentry ayant à la fois une excellente éducation artistique, ainsi qu’un esprit ouvert et curieux ; les Bostoniens habitués à voyager avaient acquis pas mal d’œuvres découvertes au cours de voyages à Paris, dans les galeries ou expositions de la capitale française, mais également à New York.

L’impressionnisme était déjà fort populaire parmi les artistes de Boston, qui appréciaient particulièrement l’école de Barbizon et le mouvement impressionniste ; par ailleurs, les artistes d’outre-Atlantique, inspirés par le mouvement, encourageaient les riches collectionneurs Bostoniens à acquérir des œuvres impressionnistes.



Les Impressionnistes eux-mêmes étant attirés et inspirés par l’art japonais, les Bostoniens appréciaient l’influence de cet art sur les artistes du mouvement.

Ainsi, jusqu’à la fin du 19ème siècle, les collectionneurs de Boston acquirent une importante série d’œuvres signées COROT, MILLET, RENOIR, MONET, qui figurèrent à côté de leurs collègues américains, inspirés par leur art : JOHN SINGER SARGENT, CHILDE HASSAM, WILLIAM MORRIS HUNT et JOSEPH FOXCROFT COLE.



Le mouvement impressionniste de Boston fut lancé par William Morris Hunt.

Pendant quelque temps il avait étudié à Barbizon auprès de THOMAS COUTURE et de JEAN-FRANCOIS MILLET dont il appréciait les études, immédiatement peintes à l’huile sur la toile, ainsi que ses œuvres où dominaient la lumière, les contrastes et les couleurs. Hunt considérait cette manière de peindre comme hautement libératrice, « exprimant la pureté des lignes, la beautés des ensembles et des couleurs, sacrifiant le détail pour la lumière. »

Grâce à son mariage avec une jeune fille de la haute société bostonienne, Hunt devint une figure prominente et influente dans la vie culturelle de la ville ; ce sont Hunt et ses amis artistes qui furent les principaux instigateurs des achats d’œuvres impressionnistes par les collectionneurs bostoniens.

De leur côté, Perry, Sargent et Breck travaillèrent à GIVERNY auprès de Claude Monet, quant à Joseph Foxcroft Cole, il travailla à Barbizon avec le peintre Charles Jacque.

Absolument tous les peintres américains adoptèrent avec enthousiasme la palette aux couleurs claires, se mirent à peindre à l’extérieur et exécutèrent des compositions naturelles, spontanées. Ils emportèrent ces leçons à Boston, où ils les mirent en application dans leurs propres décors.



Rappelons aussi que c’est JEAN-BAPTISTE-CAMILLE COROT qui fut le premier artiste à modifier le style conventionnel de la peinture de paysages, qui tendait à montrer des paysages idylliques peuplés de sujets mythologiques ou bibliques. Corot fut le premier à reproduire un paysage « naturel », direct, tel qu’il était réellement.



La première exposition impressionniste fut tenue à Boston en 1883 ; elle comportait des œuvres de Monet, Manet, Pissarro, Renoir et Sisley. En 1892, le mouvement impressionniste avait acquis une popularité telle qu’une exposition put être consacrée à un seul peintre, à savoir 21 œuvres de Monet ; toutes les œuvres avaient été empruntées aux collectionneurs bostoniens, ce qui en dit long sur la popularité du mouvement artistique.



Le célèbre musée des Beaux-Arts de Boston emprunta également beaucoup de peintures chez les collectionneurs locaux pour sa rétrospective Monet quelques années plus tard. Celle-ci fut la toute première rétrospective des œuvres de Claude Monet aux Etats-Unis et confirma l’acceptation du mouvement outre-Atlantique.



Bientôt les artistes bostoniens se mirent à dominer la scène artistique américaine, ce qui leur permit d’encore plus promouvoir le mouvement impressionniste auprès de leurs étudiants et des collectionneurs ; leurs propres œuvres furent acquises par ces mêmes collectionneurs qui possédaient déjà de nombreuses œuvres des maîtres français.

Le musée des Beaux-Arts de Boston prouva ici aussi ses qualités de pionnier car il n’était pas de mode à l’époque pour un musée d’exposer les œuvres d’artistes vivants, ce que le musée de Boston n’hésita pas à faire.



L’un des plus importants collectionneurs de l’époque fut la Bostonienne Lilla Cabot Perry, née au sein du milieu artistique et intellectuel bostonien ; familière depuis l’enfance avec notamment Henry James, elle épousa l’un de ses plus proches amis, Thomas Sergeant Perry ; le couple vécut à Tokyo peandant quelques années, où la jeune femme tout en développant ses dons de peintre, collectionnant l’art japonais. Elle rendit ensuite visite à Monet et, revenue à Boston, se mit à peindre les paysages locaux à la manière impressionniste. Elle acquit de nombreuses œuvres de Monet et fut l’une des avocates les plus acharnées du mouvement impressionniste aux USA. Bien qu’elle exagérait un peu lorsqu’elle clamait avoir « lancé » Monet aux Etats-Unis, elle était certainement l’un des membres les plus actifs d’un mouvement précurseur, plein d’enthousiasme pour ce nouveau mouvement artistique.



Les critiques bostoniens eux-mêmes s’enthousiasmèrent pour l’impressionnisme, mettant l’accent sur ce mouvement artistique en comparaison avec l’art tel que l’envisageait Ralph Waldo Emerson, l’intellectuel transcendentaliste américain qui prônait l’abandon du détail en peinture, en faveur de « l’esprit et de la beauté, éveillant ainsi chez celui qui possédait une telle œuvre de transcender le lien étroit avec l’univers et le pouvoir de l ‘œuvre plutôt que l’artiste lui-même»



Childe Hassam fut l’un des tout premiers artistes bostoniens, avec Hunt, à adopter le style impressionniste ; après avoir vécu quelques années à Paris, il revint à Boston qu’il peignit en tons clairs et vifs par de larges coups de brosse ; la campagne de la Nouvelle-Angleterre l’inspira beaucoup, particulièrement l’île d’Appledore au large de la côté du New Hampshire.

Son compatriote, John Singer Sargent, venu à Boston dans l’espoir d’obtenir de nouvelles commandes de portraits auprès de cette société largement encensée par Henry James, fut conquis plus tardivement par le mouvement mais après avoir exposé ses œuvres auprès de celles de Renoir, Monet et Degas, il lui devint possible d’expliquer leur travail à de nouveaux artistes et d’expérimenter l’impressionnisme dans ses propres œuvres.



Bien qu’EDGAR DEGAS ait été l’une des figures majeures du mouvement impressionniste, il demeura cependant un peintre de personnages (pensons à ces merveilleuses danseuses). Toutefois, le musée des Beaux-Arts de Boston acquit plusieurs de ses œuvres sur la recommandation des artistes bostoniens. La toute première œuvre de Degas à entrer au musée fut « Les courses à Longchamp ».



Pour ceux qui auront la chance d’aller à Londres, ils pourront admirer l’exposition «Impressionism Abroad – Boston & French Painting » à la Royal Academy of Arts, jusqu’au 11 septembre 2005.



Plus de détails sur le site royalacademy.org.uk

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