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Carolyn Keene, mère ET père de Nancy Drew

La jeune détective-amateur Nancy Drew, idole des adolescentes outre-Atlantique, mieux connue en Europe sous le nom d’ « Alice, détective », naquit sous la plume de CAROLYN KEENE en 1930. C’est à elle, et au Club des Cinq, que je dois d’avoir contracté le virus des polars à l’âge de 8 ans, virus qui ne m’a plus jamais quittée.





Carolyn Keene fut le pseudonyme utilisé par différents auteurs tant masculins que féminins à travers sept décennies. La Stratemeyer Syndicate, du nom de son créateur Edward Stratemeyer, employa plusieurs « nègres » (ghost writers) ; le pseudonyme sera utilisé afin de préserver l’anonymat du créateur de l’intrépide Nancy, alias Alice.



Le tout premier créateur de la jeune adolescente, passionnée d’enquêtes policières fut Edward Stratemeyer en personne ; sa maison d’éditions publiait déjà pas mal de séries policières extrêmement populaires, dont les héros étaient tous des jeunes garçons (the Hardy Boys, Tom Swift, etc).



Stratemeyer, un homme né durant la guerre civile américaine, avait une vision plutôt traditionnelle du rôle des filles et des femmes dans la société ; cependant dans les années 30, la société rencontrant tout de même certaines mutations, il considéra qu’il était temps de créer une héroïne en jupons ; il imagina donc la jeune personne et engagea un jeune journaliste afin d’écrire des romans basés sur ses synopsis.



Le tout premier volume des aventures de Nancy Drew « The Secret of the Old Clock » parut en 1930, l’année même où mourut Edward Stratemeyer.



Les sœurs Stratemeyer, Harriet et Edna, héritèrent de l’entreprise paternelle ; Edna Stratemeyer Squier en imagina dix intrigues avant de passer les rennes à Harriet Stratemeyer Adams en 1953.



Si celle-ci est bien souvent considérée comme LA vraie Carolyn Keene, de multiples auteurs assumèrent le rôle de « nègres ». Harriet fut l’auteur de 24 autres épisodes de cette série devenue très rapidement hautement populaire ; pour elle, Nancy était un peu comme sa propre fille et sous l’efficace direction des deux sœurs la Stratemeyer Syndicate fut réellement florissante.



Dès 1959, Harriet entreprit, avec l’aide d’autres auteurs, un projet étalé sur 25 années, àà savoir la réécriture de plusieurs des premières aventures de Nancy ; les histoires furent plus condensées, on retira les stéréotypes raciaux et le langage utilisé par les personnages fut adapté au goût du jour.

Dans quelques rares cas, les intrigues furent complètement réécrites.



Parmi les multiples écrivains qui assumèrent le rôle de Carolyn Keene, on trouve Mildred Wilt Benson qui écrivit 23 des 30 premières aventures de l’intrépide héroïne. D’autres s’y collèrent également tels Walter Kary, Nancy Axelrod etc. Les aventures de Nancy Drew étaient illustrées par des dessinateurs comme Russell Tandy ou Bill Gillies, venus soit du monde la publicité soit de l’édition.



En 1979, la Stratemeyer Syndicate passa un accord avec Simon et Schuster afin que soient publiées les Nancy Drew Mystery Stories. Harriet Stratemeyer Adams mourut en 1982 et deux ans plus tard, Simon & Schuster acquit la société, devenant ainsi propriétaires et éditeurs du label « Nancy Drew ».



Parlons un peu de cette si célèbre jeune personne, populaire dans le monde entier, dont les aventures ont été traduites en français, espagnol, italien, suédois, norvégien, polonais, finlandais et malais (pour ne citer que ceux-ci).

La couleur préférée de Nancy Drew est le bleu, couleur traditionnellement réservée aux garçons, ce qui est évidemment totalement approprié à cette jeune fille délurée, pleine d’initiative, qui dès le départ lançait non seulement un défi aux criminels, mais aussi aux stéréotypes sexuels de son époque.



Nancy-Alice est courageuse, fonceuse, indépendante ; une conférence à l’université de l’Iowa la décrit comme un véritable exemple pour les jeunes filles, mettant en exergue son courage physique et son indépendance de caractère.

Cependant, si elle se débrouille parfaitement dans des situations traditionnellement réservées à ses pendants littéraires masculins, elle est aussi décrite comme possédant toutes les qualités intrinsèques aux deux sexes : elle peut non seulement réparer une auto mais elle est bonne cuisinière, fait de la couture, est une athlète accomplie, monte à cheval, est bonne danseuse ; elle peut, après avoir descendu des rapides en canoë, vous concocter un gâteau à la crème comme personne. Bref elle n’a pas froid aux yeux ni peur de se salir les mains.



En plus d’être courageuse, elle est une fille pleine d’attentions pour son père qu’elle met au courant de toutes ses activités et /ou intentions.



En bref, elle est l’impossible rêve de tout parent !



Son père, Carson Drew, est un avocat de renom, ce qui les met à l’abri du besoin ; leur aisance matérielle intrigua d’ailleurs fortement les lecteurs peu fortunés durant la Grande Dépression, car qu’il s’agisse de prendre un avion en dernière minute ou de faire le plein de sa mignonne petite voiture de sport, Nancy-Alice n’a jamais la moindre difficulté à régler la facture.

Lorsque sa journée se termine, la jeune fille rentre dans la jolie maison coloniale dans la banlieue élégante de River Heights où elle vit en compagnie d’un père légèrement distrait et de leur gouvernante, Hannah.



Comme Nancy est orpheline de mère, cet élément est particulièrement attrayant aux yeux des lecteurs adolescents puisqu’il la met à l’abri de toute surveillance parentale, si elle rentre aux petites heures de la nuit après une enquête, personne ne la punit de sortie pendant une semaine.



C’est donc sous le regard indulgent de son distrait de père qu’elle se précipite au volant de son petit bolide afin de résoudre des enquêtes policières, aventures dans lesquelles elle entraîne parfois son boyfriend, Nick Nickerson qui lui est, évidemment, tout dévoué ! L’amour ne joue cependant pas un rôle primordial dans sa vie, sa réelle passion étant les mystères à résoudre ; elle a aussi deux copines aux personnalités très différentes qu’elle entraîne d’ailleurs de leur plein gré avec elle.



Pourtant malgré cette existence privilégiée, entourée d’une famille et d’amis aimants, Nancy Drew est une jeune fille très simple, sachant rester très correcte même avec des criminels. Inutile de dire que face à une jeune fille aussi accomplie, les adultes la traitent en égale, avec respect ; la police est toujours enchantée de lui donner un coup de main compte tenu de ses compétences à résoudre l’inexplicable.



Au travers de plus ou moins 350 enquêtes, Nancy-Alice est passée des 16 ans de sa première enquête jusqu’à celui de 18.

En 1986, une nouvelle série intitulée les Nancy Drew Files est parue aux USA, s’adressant à un public un peu plus âgé qui fut immédiatement conquis par ces enquêtes policières où se mélangeait un peu de romance, représentant aussi une Nancy plus dynamique encore, nettement plus moderne.



Dans les années 90, Nancy et ses copines Bess et George ( pour Georgia) se sont retrouvées à l’université ; les aventures prirent alors un ton un peu plus sophistiqué et romanesque, une série de 25 aventures forme ces enquêtes sur le campus.



Inutile d’ajouter que les aventures de Nancy Drew furent portées à l’écran, le grand comme le petit ; des jeux vidéos font aussi partie des effets collatéraux de son succès.





voir les sites www.nancy-drew.mysterynet.com et www.nancydrewsleuth.com

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