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Reines de Coeur (Les), de Catherine Hermary-Vieille

Le Crépuscule des Rois (tome 2) --

De la plaine de Bosworth où fut trahi Richard III jusqu’en Ecosse, en passant par le Camp du Drap d’Or, Catherine Hermary-Vieille brosse d’abord le portrait d’Henry, petit-fils d’Owen Tudor, fils de la formidable Margaret Beaufort et roi d’Angleterre sous le nom d’Henry VII.Ainsi que de sa charmante reine, Elizabeth d’York, dite Bessie, fille d’Edward IV et de l’ambitieuse Elizabeth Woodville. Leur mariage a uni à jamais les maisons d’York et Lancaster, mettant definitivement fin à cette terrible guerre civile affublée du joli nom de « Guerre des deux Roses ».

Le crépuscule est un terme ambigu ; il évoque la lumière du soir, il est associé au déclin, à la décadence. Cependant, il est aussi associé au lever du jour, synonyme d’aube et d’aurore. C’est, selon moi, de cette double signification que joue l’auteur en nous faisant partager les heurts et malheurs des enfants d’Henry et Bessie : d’Arthur, l’héritier adoré à Mary la volontaire petite dernière, Catherine Hermary-Vieille nous décrit avec force détails les vies d’Henry VIII, de Margaret, la malheureuse reine d’Ecosse et Mary, brièvement reine de France jusqu’à la mort de Louis XII, la laissant libre d’enfin épouser Charles Brandon, duc de Suffolk.



Les enfants Tudor, s’ils ont hérité de la grâce et de la beauté de leurs parents, n’en ont certes pas totalement hérité la modestie ; par contre ils ont hérité du caractère entêté voire buté des Tudor qui, s’il conduira la fûtée Mary vers l’homme de sa vie, fera faire de mauvais choix à sa sœur Margaret pourtant désireuse de ramener la paix dans son pays d’adoption mais chez qui la vanité est bien ancrée et qui sera sans cesse ballotée entre les ambitieuses factions écossaises jusqu’à provoquer la colère chez son frère Henri, huitième du nom, qui s’il fut charmant bien que superficiel jeune, deviendra au fil du temps un homme avide, colérique et terriblement rancunier.



Catherine d’Aragon, d’abord mariée à Arthur - mais l’union ne sera jamais consommée – sera alors mariée à Henry VIII qui dans un premier temps l’aimera aussi mais elle perdra petit à petit sa place dans le cœur et à la cour de son époux, parce que de ses huit grossesses, une seule sera menée à terme et cet enfant-là sera une fille, Mary.



Dans la suite de la reine se trouve la jeune Anne Boleyn qui a bien l’intention – poussée par son ambitieuse famille – de se hisser au rang de favorite à la place de sa trop modeste sœur ; Anne Boleyn est une jeune femme ambitieuse, pleine d’esprit, ayant longtemps vécu à la cour de France et qui méprise la piété et la faiblesse de la reine Catherine.



Catherine Hermary-Vieille, après nous avoir donné sa version de la Guerre des Deux Roses, avec « La Rose d’Anjou », premier volet de ce « Crépuscule des Rois », nous entraîne ici dans les cours d’Angleterre, d’Ecosse, de France au travers des destins de ces « Reines de Cœur », filles de roi ballottées au gré des caprices de leurs pères, fiancées dès le berceau, jetées dans des alliances destinées à asseoir le pouvoir des souverains en place, sans qu’il soit jamais tenu compte de leurs sentiments personnels. Entre soif et abus de pouvoir de leurs père ou frère, elles sont des pions sur l’échiquier des ambitions royales.



Je ne suis pas totalement convaincue qu’elles aient eu autant d’états d’âme que leur prête l’auteur compte tenu de leur éducation de futures reines, pour qui le devoir doit prendre le pas sur la volonté personnelle.



Toutefois, j’aime beaucoup le style de Catherine Hermary-Vieille ; l’histoire est un roman sur lequel il doit être bien plaisant pour un écrivain plein d’imagination de broder, aussi ne boudons pas notre plaisir face au talent de cette auteur qui décrit avec panache non seulement la vie dans les cours européennes de la Renaissance, parmi les courtisans toujours prompts à changer de camp dès que tourne le vent, mais aussi la vie dans les rues de Londres, de Paris, sur les marchés ; tout y prend vie sous la plume alerte de l’auteur qui manie à ravir la langue française offrant un vrai plaisir au lecteur.



L’histoire à la manière de Maurice Druon ou de l’anglaise Jean Plaidy, c’est à dire fortement romancée, c’est quand même du grand art par le petit bout de la lorgnette.


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