PARIS (AFP) - La Manche, bras de mer entre la France et le Royaume-Uni, était il y a environ vingt millénaires, un simple fleuve alimenté entre autres par la Seine, la Tamise ou le Rhin, indique une étude internationale à paraître vendredi dans la revue américaine Science.
Actuellement longue de 500 km et large de 250 km (maximum), d'une profondeur atteignant 172 m, la Manche est apparue sous la forme d'un fleuve au cours de la dernière grande glaciation entre la France et l’Angleterre, concluent les auteurs de l'article.
Les chercheurs, qui ont réalisé la première chronologie de l'évolution de cette partie de l'Europe, estiment qu'il y a quelque 20.000 ans, "pendant le dernier maximum glaciaire, la Terre traversait une période froide particulièrement rigoureuse (et) l’Europe du Nord était recouverte par une véritable montagne de glace".
Le niveau marin était environ 130 mètres en dessous du niveau actuel et les territoires occupés par la France et l’Angleterre n’étaient donc plus séparés que "par un gigantesque fleuve : le fleuve Manche", selon les équipes du Centre européen de recherche et d'enseignement des géosciences de l'environnement (CEREGE) d’Aix-en-Provence (CNRS...) et de l'Institut royal néerlandais pour la recherche marine (NIOZ).
Ce système fluvial, "le plus grand jamais développé en Europe", était entre autres alimenté par les eaux de fonte de glaciers de montagne (les Alpes, notamment), et son bassin collectait "les eaux de la Seine, de la Tamise, du Rhin, de l’Elbe, de la Meuse, de la Somme, de la Weser et d’autres fleuves plus petits".
Ensuite, la déglaciation a permis une "réactivation rapide du cycle hydrologique sur le continent européen" et "un important flux d’eau douce dans le golfe de Gascogne, ce qui a certainement eu un impact sur la circulation de l’Atlantique Nord, en surface comme en profondeur", et a fait remonter le niveau de la mer.
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