Cri aigu du goret affolé, grognement lascif de la truie, logorrhée terrifiante de son mâle, le cochon: quelque 4.000 "amis du porc" se sont réunis samedi soir à Milizac, au nord de Brest, pour célébrer l'animal lors d'un très insolite concours départemental d'imitation du cri de cochon. "Grouiiik...Grouiik....Grouiik": pour cette neuvième édition, une dizaine de candidats, habitués à l'exercice pour la plupart, se sont inscrits à cette compétition sonore.
Une fois la nuit tombée, ils se sont livrés, à raison de vingt secondes chacun, à une improvisation devant un jury de sept personnes très attentives et sous le regard ahuri de quelques touristes parisiens. "L'idée est née il y a dix ans lors de vacances dans les Pyrénées où ce concours se pratiquait. Nous avons appris que cela se faisait aussi en Haute-Normandie", explique Pascal Le Mene, de l'équipe d'animation du club de football de la commune, organisatrice de la fête. Dans une Bretagne où l'on compte quelque 14 millions de porcs, soit cinq porcs par habitant, ce rituel festif n'a rien d'étonnant. Pourtant, lorsqu'à l'heure H du célèbre concours, on attendrait plutôt la chouette ou le loup, ces cris de cochon inhumains et même terrifiants font penser à un sauvage sacrifice païen. Il met toujours en pleurs quelques enfants, que leurs parents, secoués par l'hilarité, ont bien du mal à consoler. Samedi, c'est un adolescent de douze ans, Yannick Milin, un "pro" de Milizac, qui a remporté le gros lot: une coupe géante gravée "Cri de cochon 2001" et une croisière sur la rade de Brest. Son imitation extrêmement réaliste du cri du goret a fait fondre les jurés. Le partage a été rude et beaucoup de candidats potentiels, arrivés après l'heure de clôture des inscriptions ont vivement regretté de ne pas pouvoir participer. Parmi les heureux élus qui ont fait monter l'applaudimètre, un Bas-Normand s'est livré à un étonnant show: portant masque et groin, il a imité le cochon dans toutes les étapes de sa vie, ses amours, la naissance du goret et l'immolation avant la boucherie. Hors concours, quatre musiciens chanteurs d'un groupe de Pontivy (Finistère), "les Glochos", adeptes de la "Pechno musique", se sont livrés à une imitation de leur composition, en caleçons couleur "peau de vache" et en charentaises. Avant le concours, ils ont fait danser le public, venu nombreux également pour la fête, le fest noz et le banquet du cochon. "Ce samedi du porc requiert une bonne dose d'énergie mais surtout beaucoup d'autodérision. Mieux vaut être désinhibé", a avoué l'un des habitués du tournoi. Pour préparer les candidats à cet effort, les organisateurs n'ont pas lésiné sur la boisson et sur la nourriture. A défaut de méchoui et d'agneau sacré, Milizac a mangé un "cochoui" géant, accompagné de ratatouille et de frites.
Source: Agence Française de Presse