Une lotion qui fait repousser les cheveux des chauves : c’est ce qu’une firme japonaise se fait fort de réaliser. Un miracle rendu possible grâce à l’épimorphine, une protéine qui agit sur le follicule pileux. Commercialisation prévue pour 2010...
Tour de magie sous nos yeux sceptiques. Un chercheur des laboratoires R&D de Sumitomo Electric Industries (SEI) d’Osaka, au Japon, prend deux souris. Il attend que leur pelage soit sur le point de muer – phase télogène (voir le schéma ci-dessous) – et les rase de près. Il badigeonne l’une d’un produit de sa composition une fois par jour pendant 35 jours. L’autre sert d’animal témoin. Au bout d’un mois, résultat: la souris traitée exhibe une belle fourrure grise tandis que l’autre a toujours le poil ras… Le secret? «La lotion contient un peptide capable de reconstruire les follicules pileux, explique Yutaka Saiki, de SEI. Cette molécule, que nous avons baptisée EPM, est un dérivé de l’épimorphine, protéine qui active la construction de certains organes pendant la morphogenèse.» Autrement dit, l’EPM peut faire pousser des cheveux là où il n’y en a plus… Inespéré pour tant d’hommes – un sur trois – qu’une calvitie naissante déprime. Poule aux œufs d’or pour l’industrie cosmétique.
Canular ou découverte scientifique? Direction le Centre hospitalier universitaire de Lausanne, en Suisse, où Yann Barrandon, spécialiste de la morphogenèse du follicule pileux, examine les documents fournis par les chercheurs de SEI. «Je mets en doute la validité de ces photos, commente-t-il. C’est la souris témoin qui me gène. Je n’ai jamais observé qu’une souris reste sans poil pendant 35jours! Même sans traitement, elle aurait dû retrouver son pelage. Il semble que cette société ait exagéré les résultats pour trouver des financements. C’est un coup marketing.» Fin de l’article, donc? «Non, poursuit Yann Barrandon, car même si ces Japonais font une démonstration tapageuse, ils s’appuient sur des travaux très sérieux dans lesquels le rôle de l’épimorphine dans la régénération des follicules pileux a été mis en évidence. Cette molécule est indéniablement une voie majeure d’avenir dans le traitement de la calvitie.»... Suite de l' article en lien
Par Eléna Sender
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Sciences & Avenir