Pour ses soixante ans, Bob Dylan vient d'offrir à ses fans "Love and Theft", un de ses meilleurs disques. Ce quarante-troisième opus confirme que le chanteur, guitariste, harmoniciste et poète américain est revenu au sommet de son inspiration, quatre ans après "Time out of Mind", qui avait été élu album de l'année aux Grammy Awards – l'équivalent américain des Victoires de la musique...
Dylan, qui a inventé le concept de tournée sans fin, donne actuellement des concerts irréprochables. "Love and Theft" (Amour et vol) est une œuvre intemporelle, dont les douze chansons sont profondément ancrées dans la musique populaire américaine des origines, blues, country et même jazz. Associé à tort à la génération Woodstock et aux mouvements contestataires des années 1960, Bob Dylan n'a cessé en quarante ans de carrière de brouiller son image.
Une pluie d'éloges. En quarante ans de carrière, peu d'albums de Bob Dylan auront été autant encensés par la critique que le quarante-troisième, Love and Theft ("Amour et vol", au sens de larcin). Le magazine américain Rolling Stone a gratifié cette "remarquable réalisation" de cinq étoiles, distinction rarissime dont le précédent remonte à 1992 avec l'album Automatic for the People, de R.E.M. Le quotidien USA Today s'enflamme, évoquant "un chef-d'œuvre mêlant des morceaux archaïques et d'audacieuses inventions. Quelque chose dont la pop music du XXIe siècle a désespérément besoin : une révolution culturelle américaine". Bigre.
Dylan doit sourire. Dans les années 1980, des options autodestructrices assez incompréhensibles, sur scène (sabotage de ses chansons) comme sur disque (extrême désinvolture envers la production), avaient achevé de désespérer ses fans les plus fidèles, pourtant rodés à un parcours artistique en forme de montagnes russes. Avant son hospitalisation, en 1997, pour soigner une histoplasmose, une affection potentiellement mortelle, il n'était pas loin d'être définitivement enterré. Has been aux yeux de ceux qui avaient négligé Good as I Been to You et World Gone Wrong, deux précieux albums d'interprétation de traditionnels, publiés dans l'indifférence au début des années 1990. Cette parenthèse dans l'écriture lui aura permis de se ressourcer dans l'exploration de ses racines musicales. Suite de l' article en lien par Bruno Lesprit
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Lemonde