«Que ton aliment soit ton seul médicament», avait plaidé Hippocrate, 400 ans avant notre ère. 2 400 ans plus tard, les industriels de l'agroalimentaire en font leurs choux gras. À grand renfort d'arguments nutritionnels et d'allégations santé plus ou moins farfelues.
«Faible teneur en matières grasses», «riche en fibres», «allégé en sucre», «combat le stress», «stimule la mémoire», «développe votre capital osseux», «renforce vos défenses immunitaires», «préserve votre jeunesse»... L'imagination du marketing alimentaire est sans limite au risque de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. La recette est éprouvée : une pincée de vérité dans un cocktail de mensonges, d'ambiguïtés, de mauvaise foi et de non-dits, mélanger le tout et servir sans scrupule. Les jus de fruits se parent des vertus du lait en se dopant au calcium pendant que les biscuits et autres céréales pour petit déjeuner font oublier sucres et graisses sous un ajout de fibres (lire notre article "Marketing alimentaire : le double jeu des industriels"). Oui, l'alimentation joue un rôle déterminant pour la santé, mais quand la publicité pour les denrées alimentaires joue au docteur, gare à l'intoxication. À partir de conclusions scientifiques vérifiées dans des conditions expérimentales précises, l'industrie agroalimentaire emprunte des raccourcis extrêmes pour s'engouffrer dans ce marché florissant des aliments santé. Assaillis de promesses à la limite de la publicité mensongère, les consommateurs peinent à démêler le vrai du faux. Bruxelles a décidé de faire le ménage. Devant la prolifération d'allégations nutritionnelles douteuses sur les étiquettes ou dans la publicité des produits alimentaires, la Commission européenne a proposé, l'été dernier, un règlement pour mieux informer les consommateurs et harmoniser le marché. Avant d'entrer en application, le texte doit passer devant le Parlement européen. Furieux des recommandations qui pourraient venir contrarier son business, le lobby agroalimentaire fait tout pour que l'examen du texte soit repoussé à plus tard.
Source : UFC-Que Choisir