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Notre-Dame-à-la-Rose à Lessines, précurseur des Hospices de Beaune

En l’an de grâce 1242 le seigneur Arnould IV d’Oudenaarde, grand bailli de Flandres et seigneur de Lessines espérait terminer sa vie en paix ; c’était compter sans Louis IX roi de France, en guerre contre le roi d’Angleterre ; profitant du traité d’allégeance signé par les seigneurs flamands pour les appeler à l’aide, le roi de France appela ses vassaux à la rescousse et Arnould IV malgré son grand âge fut donc obligé de retourner guerroyer.

Comme on n’est jamais assez prudent, il prit soin de rédiger son testament. Lorsque grièvement blessé à la bataille de Taillebourg près de Poitiers, et se sachant condamné, le seigneur de Lessines y ajoute une clause : le legs des pauvres, une coutume que riches et puissants prévoyaient dans l’espoir de racheter leurs fautes et d’accéder au paradis. Ce don d’argent devait être distribué le jour des funérailles.

Alix de Rosoit, sa veuve, princesse française et dame d’honneur de la reine Blanche de Castille (la maman de Saint-Louis), héritant d’une considérable fortune, se chargera de réaliser les dernières volontés de son époux mais plutôt que de distribuer l’argent, elle a l’idée de fonder un hôpital pour les pauvres.



L’hôtel-Dieu lessinois s’inscrit directement dans le mouvement hospitalier qui se développera tout au long des 12ème et 13ème siècles en Europe, à savoir la création de nombreux hôpitaux ; l’hôpital Saint-Jean de Bruges fut l’un des premiers, ensuite viennent l’hospice Comtesse de Lille, Notre-Dame de la Bijloke à Gand, les hôpitaux de Tournai et de Bruxelles.



Les célèbres Hospices de Beaune ne furent fondés que beaucoup plus tard, au milieu du 15ème siècle.



Ces hôpitaux étaient destinés à accueillir les pauvres malades, les laissés pour compte de la société ; la population des villes, à l’abri des ceintures de remparts, connaissait une croissance démographique importante, mais la sécurité sociale n’avait pas encore été inventée ; lorsqu’un petit artisan ou commerçant tombait malade, il perdait très vite son gagne-pain et souvent se retrouvait à la rue obligé de mendier pour survivre. Ceci posa rapidement problèmes aux gouvernants des cités, qui créèrent des institutions destinées à accueillir ceux qui ne peuvent payer un médecin privé.



A l’époque où l’hôpital de Lessines fit son apparition, la cité connaissait une période de prospérité, l’industrie drapière étant en pleine expansion et le commerce se développant grâce à la création de Halles, et à la Dendre, rivière qui passe sous l’hôpital et qui permettait d’acheminer draps et autres produits vers l’étranger. Ce développement de Lessines alla de paire avec l’apparition de maladies et d’épidémies ; l’hôtellerie pour lépreux et le béguinage ne suffirent bientôt plus pour subvenir aux besoins des indigents. L’ouverture d’un asile devenait une nécessité.



Lorsque Dame Alix fonda l’hôpital, en y établissant une communauté religieuse, son intention était double : la prière pour le repos de l’âme de son époux, mais aussi œuvre de charité pour accueillir les malades dont la santé est si précaire qu’il ne peuvent aller mendier de porte en porte. Au Moyen-Âge, religion et vie quotidienne son intimement liées, pour la fondatrice l’œuvre de charité cache donc évidemment le souci du rachat des fautes du lignage afin d’accéder au paradis.

Durant des siècles, l’hôtel-Dieu lessinois bénéficiera de donations et privilèges financiers en tous genres et sera protégé par les rois, princes, papes et évêques.



L’hôpital Notre-Dame à la Rose a conservé un patrimoine artistique de grande valeur : tableaux, étains, argenterie, orfèvreries, linges précieux, porcelaines de Tournai, sans oublier les plus de 2.000 livres anciens que comporte la bibliothèque de l’hôpital, devenu l’un des musées les plus célèbres de Belgique où revivent 750 d’histoire des arts, de la médecine , de la pharmacie et des soins hospitaliers. Il est un des joyaux du patrimoine belge.



L’hôpital du Moyen Âge avait probablement la forme d’un L ; sa construction fut terminée vers 1260. Les bâtiments actuels forment un quadrilatère autour du cloître et du petit jardin, ils furent aménagés et agrandis entre les 16ème et 18ème siècles.

La ferme nourrissait les religieuses et les malades ; elle est restée en activité jusqu’au début des années 1990. Le jardin des simples offrait à la pharmacie les ingrédients nécessaires à la production de remèdes à base de plantes médicinales.

La cour des malades comportait diverses constructions, parmi lesquelles le bâtiment des « Espagnols » où furent soignés des soldats français et espagnols lors des guerres de Louis XIV.

L’hôpital de Lessines a gardé pratiquement intactes les constructions réédifiées depuis le début du 16ème siècle, ainsi que son ameublement, ses œuvres d’art et ses archives.



Pour plus de détails voir le site www.notredamealarose.com

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