©

KLIMT interdit

Jusqu’en décembre 2005, au Castello Visconteo à Pavie, Italie, on peut admirer les cinquante œuvres dessinées de Gustav Klimt – toutes dédiées aux nus féminins – faisant partie de la collection Sabarsky de New York.

Volupté…Dévergondé … Elégance sophistiquée… ne sont que quelques-unes des expressions que suscitèrent ces 50 eaux-fortes représentant un seul et même thème : le nu et l’érotisme qu’il véhicule.

Serge Sabarsky, grand collectionneur et marchand d’art newyorkais, acheta la série de dessins au petit-fils même du maître de la « Sécession viennoise », mouvement artistique destiné à apporter une contribution déterminante à l’Art Nouveau autrichien.



Dans cette série de 50 dessins, Klimt mélange habilement l’esthétisme et l’érotisme ; en fait il produisit plus de 3000 dessins qui furent ignorés pendant des décennies pour finalement être redécouverts au 19ème siècle comme un complément précieux à l’œuvre peint.

La femme, sous toutes ses formes, y est réellement l’objet exclusif de l’intérêt de l’artiste, dans sa nudité, dans toutes les positions même les plus intimes et indiscrètes. Qu’elle soient complètement nues ou légèrement pomponnées, assises ou en mouvement, étendues ou debout, seule ou dans une étreinte sapphique, qu’elles soenit jeunes, vieilles, belles, laides, maigres ou grosses, et même enceintes, toutes les femmes ont retenu l’attention de Klimt. Ce qu’il offre au travers de ces dessins est une évidente intimité avec ses modèles au point que celui qui les regarde se sent indiscret. Selon les rumeurs de l’époque, le peintre aimait à s’entourer de 2 ou 3 modèles totalement déshabillés dans son atelier, même lorsqu’il ne peignait pas.



Pour Gustav Klimt le dessin était une aide précieuse, incontournable, à l’origine même de ses œuvres, le dessin constituait les embryons de ses compositions, les études et variations à apporter à ses grands travaux mais à la fois un exercice physique et une détente de la main, une manière de capter la réalité au vol, exprimant la vérité et s’amusant avec le monde qui l’attirait vraiment, le monde féminin.

Son œuvre artistique qui, initialement, privilégiait les grands espaces, trouvera dans le dessin des moments plus intimistes ; ses œuvres sur papier n’étaient pas réalisées dans le but d’être montrées au public même si les critiques d’art à l’époque les considérèrent comme ses meilleurs travaux. Le vide entourant les nus apporte une intensité et un sentiment intemporel de la femme représentée, produisant une effet à la fois esthétique et érotique. Comme le souligne Madame Vogel, curateur : « Bien que des études de nus semblent désinvoltes, il y a là au contraire une volonté d’effet esthétique bien étudiée, faisant ressurgir le caractère personnel du dessin, ce qui permet une stylisation rendant plus réalistes les peintures basées sur les dessins. »



L’atelier de Gustav Klimt était un monde essentiellement concentré sur les femmes et la féminité ; cela ne pouvait que donner naissance – à l’époque – à d’intrigantes légendes. Berta Zuckerhandl, critique d’art contemporaine de Klimt et témoin oculaire de sa vie, décrira plus tard les méthodes de travail du maître : « Klimt dessinait pendant de longues heures, tel un pianiste faisant des gammes, dessinant alternativement de la main gauche puis de la droite. Dans son antichambre attendaient de nombreux modèles féminins qui se devaient d’être constamment disponibles afin que le maître puisse à tout instant réaliser ses études et leurs multiples variations. » Herma, le superbe modèle aux longs cheveux roux qui, enceinte n’osa plus se présenter à l’atelier du peintre, fut cependant immortalisée par lui dans l’œuvre intitulée « Espérance ».



L’œuvre de Klimt est considérée comme une quintessence de la volupté, lui-même étant considéré comme un voyeur. Dans ses dessins point du désespoir de Schiele ou de la décadence de Toulouse-Lautrec, ni le cynisme de Picasso ; ses dessins sont résolument plus audacieux et provocants que ceux d’Ingres ou Matisse. Cependant il serait bon de ne pas voir en Klimt qu’un violeur de l’intimité féminine, il n’est pas non plus un pornographe. On peut dire que Gustav Klimt était un « Chevalier à la recherche de son Graal », ici représenté par l’éternel féminin. Son œuvre est un hommage à la beauté féminine et comme il le disait lui-même : « Quiconque souhaite me connaître en tant qu’artiste – parce qu’il n’y a rien d’autre qui soit digne d’intérêt – doit observer attentivement mes travaux et tenter d’y découvrir qui je suis et ce que je veux. »



Adapté de l’article de Laura Larcan pour la Repubblica.it Arte

Références
Lien à insérer

Si vous citez cet article sur un site, un blog, un forum ou autre contenu web, utilisez l'adresse ci-dessous. Après validation par un administrateur, votre site apparaîtra ci-dessous comme référence.

Ils commentent à distance !

Pour l'heure, personne ne commente sur un autre site web.

Discussions
Pas d'avis pour “KLIMT interdit”
Participer à la discussion

Impossible de commenter cet article