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Les Fauves sont lâchés

Afin de fêter le centenaire du fauvisme, le musée Matisse au Cateau-Cambrésis – après Collioure cet été - expose depuis fin octobre et jusqu’au 22 janvier 2006, la rétrospective Matisse-Derain.

L’exposition est consacrée aux œuvres qui jaillirent de l’âme des deux artistes au cours de l’été 1905 à Collioure ; Matisse, alors âgé de 35 ans, barbe et lunettes, y débarqua par le train un jour de mai 1905 alors que les genêts étaient en fleurs et le vert vif des vignes inondait les coteaux. Collioure est un charmant village catalan lové dans une crique. Comme il le dira lui-même « je travaillais dans un paysage exaltant, ne songeant qu’à faire chanter mes couleurs, sans tenir compte des règles et des interdictions »



Rapidement il s’y sent un peu seul et écrit au jeune André Derain de venir le rejoindre ; il arrivera en juillet et une solide amitié se nouera alors entre les deux artistes, amitié qui engendrera une étroite et féconde collaboration.

Derain dira plus tard que les couleurs de cet été 1905 furent des « bâtons de dynamite ».

Sous les yeux des deux hommes s’étalent le port d’Avall, la Moulade et bien sûr Collioure et ses toits, la Méditerranée, que l’on retrouvera sur les toiles en violents aplats.

La production des deux hommes développera leur collaboration autour des problèmes de la couleur pure face aux sentiments, la couleur comme élément de construction du tableau.

Matisse emprunte des proportions éloignées des canons académiques (influence de l’art nègre) alors que Derain reste descriptif ; son oeuvre restera d’ailleurs toujours construit et monumental ; il traitait tout le surface de la toile avec la même puissance.



Après cet été-là, Henri Matisse s’imposera comme le chef de file du fauvisme, ce mouvement artistique regroupant entre autres Van Dongen, Rouault, Vlaminck, mais aussi Braque, Marquet, Dufy. C’est le critique d’art du journal Gil Blas, Louis Vauxcelles, qui appliqua (par dérision) le terme de « fauves » à un ensemble de peintres réunis au cours d’un Salon d’Automne en 1905 à Paris ; ayant aperçu une statuette en marbre blanc exposée lors de ce salon, il s’écria « C’est Donatello dans la cage aux fauves ! ». Vauxcelles deviendra ensuite un défenseur du mouvement, mais le terme qu’il inventa restera toujours utilisé de manière péjorative par les critiques d’art de l’époque.

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Le fauvisme s’exprime surtout par un ensemble de couleurs pures, le but n’étant pas de donner une transcription fidèle du monde mais d’exprimer sensations et émotions nées chez le peintre. Bien que le mouvement fut de courte durée (il se terminera vers 1908), il touchera l’Europe entière : Malevitch, Kandinsky, Munch et même Mondrian en tâtèrent. C’est Paul Gauguin qui, par son utilisation de la couleur, exerça une influence particulièrement forte sur le mouvement découlant du post-impressionnisme ; cependant Vincent Van Gogh a également profondément influencé les jeunes peintres qui puiseront dans les œuvres de leurs deux aînés des formes nouvelles, venant d’horizons lointains (Polynésie). A la différence d’autres mouvements artistiques, le fauvisme ne se présentait pas comme un groupe homogène, mais plutôt comme des peintres partageant un même besoin de représenter les choses telles qu’ils les voyaient, non pas telles qu’elles étaient en réalité. Matisse en fut surnommé « le Professeur » par les autres peintres fauves en raison du rôle primordial qu’il jouera dans l’histoire du mouvement.



L’exposition « Matisse-Derain à Collioure » est construite de manière chronologique, elle emmène le visiteur dans une farandole pleine de vie, d’énergie, de couleurs. On y retrouve des dessins et aquarelles, montrant comment Matisse « composait avec son dessin de manière à entrer dans l’arabesque avec les aquarelles et les dessins ». Elle tente d’analyser dans le détail cette courte période riche en créativité ; elle offre aussi au regard des œuvres qu’Henri Matisse réalisa lors d’autre séjours à Collioure.



De grandes photos en noir et blanc du port de Collioure en 1905 répondent aux toiles, esquisses, dessins et destins des deux hommes et leurs couleurs ; le visiteur pourra ainsi comparer les paysages toujours existants de nos jours.



Cette exposition a vu le jour grâce à l’engagement de la Succession Matisse, ainsi que des nombreux prêts de collectionneurs privés et de musées français et internationaux.



Inspiré en partie d’un article dans le supplément MAD du quotidien belge LE SOIR, ainsi que d’informations sur les sites www.artfacts.net et www.musee-ceret.com/fr/expo





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