©

Uccle et la défense du Plateau Engeland

Il y a quelque part au sud de Bruxelles, un petit coin où les habitants se mobilisent afin de sauver un espace vert menacé par les promoteurs. Uccle a toujours été un poumon vert dans la capitale belge, mais au rythme des constructions la couleur dominante deviendra plutôt grise que verte.

Les promoteurs s’en donnent à cœur joie, se ruant sur les derniers terrains rendus constructibles par les élus locaux.

Il est pourtant bien joli ce petit coin, étape entre deux réserves naturelles pour les oiseaux et petits mammifères.

Certains sites répondent à des critères précis concernant la faune et la flore, afin de maintenir une biodiversité et d’en protéger les espèces menacées.

Par ailleurs la situation deviendra tout aussi désastreuse pour les riverains du paisible quartier enclavé, qui devra subir toutes les nuisances relatives à ces constructions à outrance : embouteillages, pollution, insécurité routière que l’apport des 800 à 1000 véhicules supplémentaires va générer.



Bruxelles a besoin de logements accessibles au plus grand nombre mais va-t-on pour cela sacrifier un patrimoine naturel et universel dont la survie concernant autant les Bruxellois que les générations futures ?



La Conférence Internationale sur la Biodiversité qui s’est tenue à Paris en janvier 2005 tirait déjà le signal d’alarme : la moitié des espèces de mammifères, près d’un tiers des espèces de plantes, de reptiles, de poissons et d’oiseaux sont menacés d’extinction d’ici 2050. L’accroissement sans précédent de la vitesse de disparion des espèces résulte principalement de l’intensification des activités humaines qui engendrent l’éradication ou la détérioration des habitats naturels abritant ces espèces. L’une des plus sérieuses menaces pesant sur la biodiversité est la fragmentation des écosystèmes en parcelles de plus en plus réduites, provoquant finalement la disparition des biotopes nécessaires à la survie des espèces. La Belgique détient le triste record de la fragmentation la plus intensive avec le Grand-Duché de Luxembourg, ensuite vient l’Allemagne.

Les couronnes vertes des villes présentent une grande diversité de milieux semi-naturels imbriqués les uns dans les autres, formant une mosaïque favorable à la conservation de certaines espèces sensibles. Les populations de ces espèces et les superficies de leurs habitats sont restreintes et par conséquent fragilisées.

En luttant pour préserver ce petit coin d’Uccle, c’est pour l’ensemble de la faune et de la flore d’Europe que l’on se mobilise, pour que les enfants de Bruxelles et d’ailleurs puissent encore savoir ce qu’est un roitelet, un chêne pédonculé ou simplement jouer et respirer.

Le nom de cet endroit situé non loin du Lycée Français ? Le Plateau Engeland.



Historique

Remontons brièvement dans le temps pour connaître un peu du passé de ce lieu menacé.

Uccle est née du sein même de l’antique forêt charbonnière qui couvrait la Gaule. Au 15ème siècle, cette forêt approchait encore les rives de la Senne.

Sous l’ancien régime, le territoire d’Uccle était constitué du village ducal d’Uccle et des seigneuries du Carloo et de Stalle, ainsi que d’une partie de la forêt ducale de Soignes. Le Plateau Engeland faisait partie de la seigneurie du Carloo ; le site est encore tout à fait boisé et la forêt ducale de Soignes forme une excroissance sur la carte, venant s’intercaler dans le territoire ucclois.

En 1794 le régime français va radicalement transformer nos institutions. L’organisation administrative et judiciaire va s’appuyer sur les principes révolutionnaires de la souveraineté du peuple, la liberté et l’égalité des citoyens. Les seigneuries du Carloo et de Stalle cessent d’exister pour former une entité communale avec le village d’Uccle.

Le forêt de Soignes est devenue domaine de l’état.

La situation va encore changer en 1822 lorsqu’en vue de son défrichement, la forêt devient la propriété de la Société Générale des Pays-Bas qui se voit dotée par Guillaume 1er de biens domaniaux pour constituer son capital ; moyennant le paiement au roi de 500.000 florins par an, la Sté Générale acquiert la libre disposition de la forêt.

Au début du 19ème siècle, le défrichement s’intensifie, les habitations qui se groupaient dans les vallées, autour du manoir, vont s’étendre le long des voies de communications et donner naissance à des hameaux. Sur le plateau, entre le vallon du Geleytsbeek et du Linkebeek se trouvait le hameau du Engeland, dont l’origine du nom viendrait du moyen-néerlandais, « engel » signifiant « prairie ».

De 1925 à 1929 fut construite la ligne de chemin de fer Halle-Schaerbeek.



Au 19ème siècle Uccle était un village de petites exploitations agricoles. Sur le plateau, les cultures de céréales et de pommes de terre côtoient les pâturages. Des vergers sont implantés sur les coteaux exposés ; dans ces vergers sont plantés notamment les cerisiers de Schaerbeek dont les fruits servaient à la confection de la KRIEK, une bière bien bruxelloise ; les habitants récoltaient les cerices qu’il vendaient aux brasseurs locaux, notamment la célèbre brasserie Van Haelen.



Comme l’urbanisation a été plus tardive aux confins sud de la commune, le paysage a conservé cette allure bucolique sur des grandes étendues telles le Kauwberg ou le plateau Engeland. Ces terrains jadis cultivés sont restés en friche pendant de longues années et sont devenus de superbes espaces semi-naturels où la nature a repris ses droits. De tels espaces se font rares, partout la terre est exploitée, rentabilisée, les champs, les prés, les bois, portent la main de l’homme, rares sont les sites où les espèces peuvent proliférer à leur guise. C’est pour cette raison que nous avons le devoir de protéger ces espaces privilégiés et d’en maintenir la biodiversité afin de les transmettre aux générations futures.



Promenade-itinéraire écologique

Lorsqu’on se promène tôt le matin, le chant de l’accenteur mouchet accueil le promeneur suivi d’une nuée de mésanges charbonnières, boréales ou bleues ; un peuplement de chênes pédonculés a colonisé l’espace proche de la voie ferrée ; ce chêne se distingué par le long pédoncule qui porte les glands et lui donne son nom. Il a développé des branches basses et une couronne harmonieuse typique des végétaux qui n’ont pas été gênés dans leur croissance.

D’autres oiseaux y nichent tels le troglodyte qui aime la végétation dense et les fourrés touffus où il trouve sa nourriture (insectes et araignées) qu’il déniche de son bec fin. Le saviez-vous : le minuscule troglodyte est un véritable « don juan », en effet il courtise plusieurs femelles et de son chant sonore il invite ses multiples conquêtes à visiter les différents nids qu’il ébauche afin de les séduire !

Le sentier vicinal et bordé d’arbres séculaires taillés en cépées ou en têtard ; les vieux charmes taillés en têtard marquent souvent les coins des propriétés agricoles ou forestières, ou en dessinent les contours telles des bornes.



Le minuscule roitelet huppé vole lui aussi de tronc en tronc, il se cache dans le lierre qui enserre les arbres, constituant un très bon abri.

Il y a bien longtemps, les oiseaux organisèrent un concours pour élire leur roi ; l’épreuve consistait à voler le plus haut possible. Le fûté petit roitelet gagna en se glissant dans les plumes d’un aigle à l’insu de ce dernier.

Depuis, l’aigle est royal et notre petit fûté est un roitelet.



Lorsque le chemin redescend, il longe un groupe d’aulnes glutineux ; dépouillé de ses feuilles, l’aulne découvre l’architecture de sa fine ramure pointillée de chatons pourprés et de bourgeons violacés qui teintent l’arbre lui donnant vie au cœur même de l’hiver.

Les arbres morts ont le rôle de garde-manger, de nichoir ou de poste de guêt.

Un petit vallon encaissé forme la limite nord du plateau Engeland ; dans le fond du vallon coule un petit ru alimenté par une source et par le ruissellement environnant ; le talus du chemin de fer lui barre la route et l’eau ne s’écoule plus que par une canalisation étroite lui permettant de rejoindre le Geleytsbeek en aval. Contre le talus, un étant s’est formé dont l’étendue d’eau croît et décroît en fonction de l’abondance de pluies. Des couples de canards col vert y nagent de concert.



Pour plus d’informations sur le Plateau Engeland, voir le site Plateau Engeland

et Kauwberg

Références
Lien à insérer

Si vous citez cet article sur un site, un blog, un forum ou autre contenu web, utilisez l'adresse ci-dessous. Après validation par un administrateur, votre site apparaîtra ci-dessous comme référence.

Ils commentent à distance !

Pour l'heure, personne ne commente sur un autre site web.

Discussions
Pas d'avis pour “Uccle et la défense du Plateau Engeland”
Participer à la discussion

Impossible de commenter cet article