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Richard HEINTZ, surnommé le Van Gogh belge

Qui en Belgique, ailleurs que dans la province de Liège, connaît ce peintre dont le style est parfois comparé à celui de Van Gogh ?



J’ai eu le plaisir de le découvrir pour la première fois aujourd’hui, grâce à un article de l’historienne d’art Christine Messens, ainsi que grâce à une très courte interview du chroniqueur d’art liégeois, Jacques Parisse qui lui a d’ailleurs consacré un superbe ouvrage « Ardennes-Italie ».

Sa peinture est l’histoire des multiples chemins de traverses qu’il parcourut autour et dans la ville de Liège. C’était aussi un amoureux de l’Italie, comme la plupart des peintres. Ce fut un artiste immense qui rendit hommage par sa peinture aux paysages des Ardennes, comme jamais ce ne fut réalisé auparavant.



Richard Heintz naquit à Hersttal en 1871. Sa famille s’installera sur le boulevard d’Avroy à Liège. Après les humanités, Heintz part habiter à Gand chez un cousin aquarelliste et aquafortiste pour apprendre la langue flamande sur ordre de son père ; dès son retour à Liège il s’inscrira à l’Académie des Beaux-Arts, persuadé que la peinture sera sa vie et cette intuition ne fut pas erronée lorsqu’on regarde son œuvre. Son premier professeur sera Emile d’Heur, il poursuivra ensuite son apprentissage auprès d’Adrien de Witte et puis dans la classe d’Emile Delpérée. Richard Heintz, toutefois, n’apprécie guère école et théorie. Pour lui les sources de l’art ne se cachent que dans le cœur et l’expression de toute chose.



Richard Heintz qui aimait paraît-il les rognons au madère et le fromage de Herve, eut toutefois deux grandes et vraies amours :

Premier amour, le joli village de Sy, qu’il découvrit pour la première fois en 1890, ensuite se sera le tour de Nassogne cinq ans plus tard, mais Sy le bouleversera tellement que toute son œuvre en est marquée ; ses habitants deviendront son autre famille.



1895 est aussi l’année où Heintz participe à de nombreux « Salons » ; à 34 ans son talent est officiellement reconnu à l’exposition universelle de Liège. Ce fut aussi alors que se décida la construction de l’actuel musée d’Art Moderne ; Heintz installa son chevalet sur le Quai de Rome afin d’immortaliser cet événement. Cette même année 1895 correspond à l’entrée du peintre dans les cercles intellectuel, artistique, financier liégeois.



Richard Heintz qui n’aura jamais le sens du commerce, qui vivra toujours en artiste bohème et généreux, y rencontre l’autre amour de sa vie, la fille de la famille Orban, Madeleine. Roméo et Juliette du monde des arts et de la finance, Richard ne se déclarera que trente ans plus tard ; Madeleine se marie donc une première fois ; devenue veuve, elle se remarie.



Les mariages successifs de Madeleine Orban plongeront Heintz dans la dépression et la solitude. Après le second mariage de Madeleine, il sombrera même dans l’alcoolisme.



Pourtant il avait atteint une notoriété, que l’on peut considérer comme exceptionnelle pour un artiste jeune ; ses œuvres concernant SY seront exposées au palais d’Art Moderne et le gouvernement lui octroiera même une médaille, tandis que la princesse Elisabeth de Belgique lui adresse des félicitations publiques.



En cette heure de gloire il accepte la bourse de la Fondation Darchis et part changer d’air en Italie ; à Rome il habite avec le sculpteur ligéois Petit et correspond abondamment avec son ami Capelle (le Musée de la Vie Wallonne possède trois coffres de courrier !) ; il y rencontre aussi Godefroid Kurth.



Richard Heintz comparera le paysage italien à celui de l’Ardenne qui lui manque beaucoup ; il recherchera la nature et préférera les villages italiens ; il y restera six ans, dans une quête d’autres espaces, tels que Rome, Naples, Capri, Venise, etc, à la recherche d’une autre lumière.

Au bout de ces errances artistiques, il retrouve enfin SY et Madeleine, veuve pour la seconde fois ; ils se marieront enfin et Richard arrêtera définitivement de voire. Il produira alors ses meilleurs travaux, hélas il meurt trois ans plus tard d’une congestion à Tohogne. Une plaque commémorative est placée sur le « Rocher du Sabot » où il trouva la mort.



Il peignit plus de 300 tableaux qui font de lui un maître à penser pour tous les artistes liégeois qui lui succèderont. Selon les chroniqueurs, sa principale innovation fut d’introduire l’Ardenne dans sa réalité ; son talent permit de rendre sa vision personnelle de l’Italie comme le montre « La Piazetta de Venise ». Richard Heintz, paysagiste moderne et hardi, privilégiait le plein air, toutefois il aborda aussi les natures mortes.

Sa vision des choses était directe et hardie, ainsi que l’était son âme exhaltée, ce qui se manifestera par des moyens picturaux drus, pleins de coleurs ; il préférait la peinture à l’huile, mais a laissé des dessins, des aquarelles et des gravures. C’est sa manière d’aborder les espaces, la lumière, le climat qui ont forgé l’évolution de Richard Heintz, qui ne se voulait pas élève, mais pas maître non plus, lui qui se disait offusqué par toute école. Son style impressioniste vers 1890 se poursuivra pendant longtemps évoluant petit à petit vers l’abstration à laquelle il serait sans doute arrivé, eût il vécu. C’est en 1925 que l’on considère qu’il avait atteint l’apogée de son talent, avec la vivacité de sa technique, de la perception des choses ; il aimait le mouvement tournoyant ainsi que des touches claires où se mêlaient quelques traits en couleur diluée afin de fixer les grandes lignes de son travail ; il peignait en larges coups de pinceau, joignant force à l’équilibre.



En couleur, le bleu « Heinz » ainsi que ses créations de gammes personnelles traduisent bien l’âme du beau pays de Liège à qui Richard Heintz fait honneur par son ouvrage, lui que James Ensor et Camille Lemonnier aimaient à appeler « Le Bon Peintre Liégeois ».



Adapté de l’ article de Madame Christine Messens, historienne d’art pour la revue Mémoires, de l’université de Liége.

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