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Shimon Pérès accuse l'armée israélienne de saboter les négociations

Pour une fois, le chef de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, et le ministre israélien des affaires étrangères, Shimon Pérès, ne sont pas loin de partager le même jugement sur l'armée israélienne. Le zèle déployé par celle-ci depuis la proclamation du cessez-le-feu, le 18 septembre, ne le menace-t-il pas en toute connaissance de cause ?

Autrement dit, certains militaires, de connivence avec la droite israélienne, ne cherchent-ils pas à pousser leurs adversaires à la faute en répliquant lourdement à toute attaque palestinienne, alors que de difficiles contacts se poursuivent au niveau politique ? Il faut dire que le bilan provisoire de ce cessez-le-feu est déjà très lourd puisqu'il s'élève, pour les trois derniers jours, à douze morts et à des dizaines de blessés côté palestinien, un bilan qui n'est pas sans rappeler la répression très brutale des premiers jours de l'Intifada.



La mort controversée de deux Palestiniens se trouvant à bord de taxis collectifs pris sous le feu de l'armée, près de Naplouse, dimanche matin, a encore témoigné, au mieux, de l'incapacité de l'armée israélienne à adapter ses règles d'engagement à toute situation nouvelle. Le jour même de la rencontre tant attendue entre les deux hommes, au sud de la bande de Gaza, le 25 septembre, l'armée israélienne avait déjà riposté sans ménagement à une opération tentée dans la nuit contre l'une de ses positions. M. Arafat et M. Pérès s'étaient entretenus alors que le canon tonnait à quelques kilomètres de là. La répression sanglante des manifestations qui ont accompagné le premier anniversaire de l'Intifada a renforcé les doutes.



Tout d'abord feutrés, ces soupçons se sont répandus dans la presse israélienne, dimanche 30 septembre. M. Pérès a mis en cause directement le chef d'état-major adjoint, Moshe Yahalon, suspecté de vouloir régler militairement une question politique. Mais le premier ministre israélien a été directement visé par le chef du parti de gauche Meretz, Yossi Sarid, qui a assuré que "chaque fois que M. Pérès fait des progrès, Sharon et le ministre de la défense Benyamin Ben Eliezer font tout pour le ramener à la case départ".



Selon des proches du ministre des affaires étrangères, ce dernier ne s'attendait pas à ce que la violence disparaisse, du côté des Palestiniens, du jour au lendemain à partir de la proclamation du cessez-le-feu, et, de fait, de nouveaux incidents sont signalés tous les jours. "Mais ce qui compte, estime-t-on, c'est que le niveau soit relativement faible, que l'on soit sûr qu'Arafat joue le jeu et que la tendance soit à la baisse. L'armée, elle voit les choses en noir ou en blanc, soit il y a un cessez-le-feu, soit il n'y en a pas, mais elle est là pour exécuter ce que les politiques décident et non pour dicter ses propres choix. Il faut pourtant absolument parvenir à une désescalade." Les parrains du cessez-le-feu, les Etats-Unis, avaient d'ailleurs vivement critiqué les opérations de représailles menées après l'attaque du fortin israélien en invitant crûment Tsahal, le 26 septembre, à arrêter les "provocations".



DES LIBERTÉS AVEC LES CONSIGNES



Ce n'est pas la première fois que l'armée israélienne prend quelques libertés avec les consignes. En avril, un officier de la région sud avait ainsi assuré lors de la première entrée de Tsahal en zone autonome palestinienne, dans la bande de Gaza, que les militaires resteraient sur place aussi longtemps qu'il le faudrait. Les blindés n'en avaient pas moins opéré une prompte retraite à la suite des critiques acerbes du secrétaire d'Etat américain Colin Powell. Au sud d'Hébron, l'armée israélienne s'est également mise à la faute en tentant d'évacuer brutalement des familles palestiniennes vivant dans des troglodytes particulièrement exposés, coincés entre la Ligne verte et des colonies israéliennes.



La Cour suprême israélienne s'était pourtant très clairement prononcée contre ce "nettoyage" dénoncé par des organisations pacifistes israéliennes, mais dont le commandement général a imputé la responsabilité au militaire en charge de la région.



Par Gilles Paris



Source : Le Monde

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