Les inégalités augmentent-elles en France ou la population y est-elle plus sensible qu’avant ? Le système statistique français est tellement pauvre qu’on ne peut répondre sérieusement à la question, pour une raison simple : l’Insee n’a pas publié de données sur la répartition de l’ensemble des revenus du patrimoine, depuis 1996 ! Du coup, tous les discours sont permis.
Concrètement, on ne connaît rien du détail des inégalités de niveau de vie depuis 1996, ce qui constitue une véritable épine dans le pied de notre démocratie. On dispose tout de même de quelques indices. Entre 1990 et 1999, le « rapport interdécile » (niveau de revenu des 10 % les plus aisés rapporté à celui des 10 % les plus pauvres) est resté stable hors revenus du patrimoine. Entre 1999 et 2004 dans un premier temps la reprise de l’emploi a profité au bas de l’échelle, mais depuis 2001 la situation se dégrade à nouveau. Compte tenu de la progression des revenus financiers sur l’ensemble de la période, il y a de fortes probabilités pour que les inégalités aient augmenté.
Trop souvent, on résume les inégalités aux inégalités de niveau de vie, alors qu’elles sont constituées de très nombreuses autres dimensions. Les inégalités dans le domaine de l’éducation, par exemple, jouent un rôle croissant. En la matière, la lutte pour les meilleures places est de plus en plus vive, et les mieux lotis s’en sortent toujours mieux : entre l’année scolaire 1984-1985 et 2000-2001, l’âge de sortie des 10 % qui étaient scolarisés le moins longtemps a augmenté de 1,5 année en moyenne, contre 3,2 pour le dixième scolarisé le plus longtemps.
Au bout du compte, on peut conclure que : 1- les inégalités de niveau de vie se sont très probablement accrues ces dernières années (mais on ne dispose pas de données précises) 2- si on les mesure par l’âge de sortie du système scolaire, les inégalités face à l’école augmentent.
Source & infos complémentaires : Observatoire des inégalités