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Adieu au Naufragé Volontaire

En 1952, le jeune docteur Alain Bombard, médecin dans le Pas-de-Calais, choqué par la mort de plusieurs marins lors d’un naufrage en mer, voulut prouver au monde que l’on pouvait survivre en mer sans eau et sans vivres en se nourrissant exclusivement de plancton.

A bord de l’Hérétique, le nom du canot de sauvetage, espèce de boudin de caoutchouc de pas tout à fait cinq mètres, il traversa l’Atlantique. Il baptisa son radeau de ce nom car il voulait marquer sa différence vis à vis de tous ceux qui le tenaient pour fou.



Alain Bombard embarquera un volontaire anglais, Jack Palmer ; ils quittèrent Monaco avec une petite voile et un sextant ainsi que du matériel de pêche. A Tanger, Palmer abandonne mais Bombard refuse de donner raison à ses détracteurs, il décide donc de se lancer à l’assaut de l’Atlantique quittant Las Palmas dans les Canaries en octobre 1952 pour arriver à la Barbade en décembre 1952 avec 65 jours de ce qui a été un véritable enfer au nom de la science et de l’humanité.



Alain Bombard va gérer son aventure comme le savant qu’il est consignant ses observations, mesurant ce qu’il avale, notant son état général, sa pression artérielle, etc., sans parler des effets secondaires de l’eau de mer considérée comme un véritable poison, pourtant source de sodium ; Bombard filtre le plancton riche en vitamine C ; lorsqu’il pleut, il récupère l’eau de pluie, boit de l’eau « douce » en récupérant le liquide obtenu en pressant le produit de sa pêche, dont il se nourrit. Mais Alain Bombard est un médecin, pas un navigateur, aussi s’est il trompé dans ses calculs. Au bout de 55 jours, il croise un cargo qui l’héberge quelques minutes ; il y acceptera une très petite collation, que son corps rejettera d’ailleurs !

Dix jours plus tard il accoste à la Barbade, ayant perdu 25 kilos mais fier de cette démonstration de survie. Il a prouvé, selon le navigateur Gérard d’Aboville, que c’est l’espoir qui soutient un navigateur.



Pour des générations entières de marins amateurs, le docteur Alain Bombard était une véritable référence . Il n’a jamais cessé de s’occuper d’écologie, d’environnement. Il avait même tâté de la politique après s’être inscrit au Parti Socialiste en 1974 ; il siégera dans le premier ministère Mauroy en 1981 comme secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Environnement de l’époque. Il abandonnera ce poste un mois et trois jours plus tard, parce que disait-il « je dis beaucoup trop ce que je pense ».



Alain Bombard était un conteur extraordinaire ; il a relaté son aventure dans le livre « Naufragé Volontaire », mais il eut aussi une émission sur Radio France où il racontait la vie des navigateurs célèbres à travers l’histoire, avec beaucoup d'humour et surtout une formidable érudition.



C’est un grand monsieur qui s’est éteint hier à l’hôpital militaire de Toulon et est parti pour son dernier voyage à l’âge de 80 ans.



Inspiré par un article paru dans Libération du 20 juillet 2005.

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